(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 266-267
/ 1184
(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 266-267

MATHIEU, [Pierre] Historiographe de France, né à Porentru en 1563, mort à Toulouse en 1621.

Poëte oublié, qui n’étoit pas sans mérite, plus digne d’obtenir une place dans le Parnasse François de M. du Tillet, & dans la Bibliotheque Françoise de M. l’Abbé Goujet, que tant d’autres Poëtes obscurs, qu’on eût pu oublier plus justement que lui. Quelques-uns de ses Quatrains sont préférables à ceux de Pibrac, & pour la pensée & pour la poésie. Voici celui par lequel il débute :

Estime qui voudra la mort épouvantable,
Et la fasse l’horreur de tous les animaux ;
Quant à moi, je la tiens pour le point désirable
Où commencent nos biens & finissent nos maux.

Mathieu est aussi l’Auteur d’une Tragédie intitulée la Ligue, Tragédie mauvaise, comme on peut le croire, où l’on trouve ces Vers que Racine semble avoir imités :

Je redoute mon Dieu, c’est lui seul que je crains…
On n’est point délaissé, quand on a Dieu pour pere ;
Il ouvre à tous la main, il nourrit les corbeaux,
Il donne la pâture aux jeunes passereaux,
Aux bêtes des forêts, des prés & des montagnes,
Tout vit de sa bonté, &c……

L’Auteur d’Athalie dit :

Je crains Dieu, cher Abner, & n’ai point d’autre crainte…..
Dieu laisse-t-il jamais ses enfans au besoin ?
Aux petits des oiseaux il donne la pâture,
Et sa bonté s’étend sur toute la Nature.

On a encore de Pierre Mathieu, une Histoire des choses mémorables, arrivées sous le Regne de Henri le Grand, où la vérité n’est pas toujours exacte, & où la diction ne l’est presque jamais.