(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 314-315
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 314-315

FONTANELLE, [Jean-Gaspard de] né à Grenoble en 1737.

Avec plus de travail, ses Ouvrages, qui annoncent des dispositions heureuses, seroient parvenus à une plus grande perfection, & auroient eu de plus grands succès. Il est impossible de ne pas sentir que cet Auteur est en état de mieux faire, & que trop de rapidité & de négligence dans la composition, ôte aux Productions de sa plume un caractere qui pourroit les rendre dignes de lui.

Dans sa Tragédie d’Ericie, ou la Vestale, il n’a pas su assez réprimer les effervescences de son imagination : ses pensées sont souvent fausses, & plus souvent encore trop hardies. Malgré cela, cette Piece est supérieure à la Mélanie, si vantée dans le Mercure, où M. de la Harpe, qui travailloit à ce Journal lorsque cette derniere Tragédie parut, ne s’est point épargné les transports d’admiration. Le sujet, la marche, les caracteres, dans la Vestale, sont infiniment mieux présentés, mieux soutenus, l’intérêt plus vivement développé, le ton plus noble, plus tragique. Cette Piece a encore l’avantage d’avoir servi de modele à M. de la Harpe, qui, en qualité d’Imitateur, devroit être un peu plus modeste.

La Traduction des Métamorphoses d’Ovide, par M. de Fontanelle, annonce une plume, sinon aussi exercée & aussi élégante que celle de l’Abbé Bannier qui a traduit le même Ouvrage, du moins plus exacte, & capable de faire passer, dans notre langue, les graces & la facilité de l’ingénieux Poëte de Sulmone.