Un jour, je vis, debout au bord des flots mouvants (1859)
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Les Contemplations, in Œuvres complètes de Victor Hugo. Poésie, tome III, Paris, Imprimerie nationale, Librairie Ollendorff, 1905, p. 3.
Un jour je vis, debout au bord des flots mouvants,Passer, gonflant ses voiles,Un rapide navire enveloppé de vents,De vagues et d’étoiles ;
Et j’entendis, penché sur l’abîme des cieux,Que l’autre abîme touche,Me parler à l’oreille une voix dont mes yeuxNe voyaient pas la bouche :
— Poëte, tu fais bien ! poëte au triste front,Tu rêves près des ondes,Et tu tires des mers bien des choses qui sontSous les vagues profondes !
La mer, c’est le Seigneur, que, misère ou bonheur,Tout destin montre et nomme ;Le vent, c’est le Seigneur ; l’astre, c’est le Seigneur ;Le navire, c’est l’homme. —