Sculpture, Vassié, Pajou, Mignot
Je n’ai vu parmi un grand nombre de morceaux de sculpture qu’une Nymphe de grandeur naturelle ; un Buste de Le Moine par un de ses élèves, et le Buste d’une prêtresse de Diane, à ce que je crois.
La Nymphe ne me paraît pas inférieure à la Dormeuse qui rassemblait tout le monde autour d’elle, au dernier Salon. Elle est couchée nonchalamment ; elle tient▶ une coquille d’une main ; elle est accoudée sur son autre bras. La tête a de la jeunesse, des grâces, de la vérité, de la noblesse. Il y a partout une grande mollesse de chair ; et par-ci par-là des vérités de détail qui font croire que cet artiste ne s’épargne pas y les modèles. Mais comment fait-il pour en trouver de beaux.
Oh, le beau buste que celui de Le Moine, mon ami, le beau buste ! Il vit, il pense, il regarde, il voit, il entend, il va parler. Je suis tenté d’aller chez vous et de jeter par les fenêtres ce bloc de terre mort qui y est.
C’est encore une belle chose que ce buste de Diane. On croirait que c’est un morceau réchappé des ruines d’Athenes ou de Rome. Quel visage ! Comme cela est coiffé ! Comme cette draperie de tête est jetée ! Et ces cheveux, et cette plante qui court autour. Que les Anciens sont étonnants !
Nous avons beaucoup d’artistes ; peu de bons ; pas un excellent ; ils choisissent de beaux sujets ; mais la force leur manque ; ils n’ont ni esprit, ni élévation, ni chaleur, ni imagination. Presque tous pèchent par le coloris. Beaucoup de dessin, point d’idée. Tâchez de réchauffer cela et me ◀tenez quitte.
Je me suis trompé ; mettez à la place de l’Annonciation de Restout, l’Assomption de La Grenée. N’oubliez pas cette note ; et gardez-vous bien de mettre mon nom à ce papier. Orphée ne fut pas plus mal entre les mains des Bacchantes, que je le serais entre les mains de nos peintres.