(1767) Salon de 1767 « Peintures — Amand » p. 279
/ 2097
(1767) Salon de 1767 « Peintures — Amand » p. 279

Amand

Soliman II fait déshabiller des esclaves européennes. il n’y était pas, et je ne vous conseille pas de le regretter. Je n’ai jamais vu d’Amand que des tableaux froids ou des esquisses extravagantes.

plusieurs dessins. du même.

Plusieurs mauvais dessins dont je ne parlerais pas, sans un de ces traits d’absurdité sur lesquels il faut arrêter les yeux des enfans. C’est une figure d’homme vu par le dos, les mains appuyées à la manivelle coudée d’un tambour de puits. Il y a dans ces machines un moment où le coude de la manivelle rend la position du bras de levier très-haute ; il faut alors ou que l’homme abandonne la manivelle ou que ses bras puissent atteindre à cette hauteur, les poings fermés, sans quoi la machine revient sur elle-même et le poids redescend. Or on donnerait un demi-pied de plus au tourneur de manivelle d’Amand qu’il ne serait pas encore assez grand ; en sorte que, dans son dessin, ce n’est plus un homme qui tourne, c’est un homme qui arrête la manivelle à son point le plus bas, et qui se repose dessus.

Si vous ne m’en croyez pas sur les dessins d’Amand, celui où au bas d’une fabrique à droite il y a un groupe de gens qui concertent ; à gauche une statue de Flore sur son piédestal ; à droite un escalier ; au-dessus de l’escalier une fabrique ; plus vers la gauche, sur une partie du massif commun de la fabrique, une cuvette soutenue par des figures, et au-dessous de la cuvette, un bassin qui reçoit les eaux ; revoyez cela, et jugez si j’ai tort de dire que rien n’est plus bizarre, plus dur et plus mauvais.

L’ attelier de menuiserie ne serait qu’une passable vignette pour notre recueil d’arts, pas davantage.

L’ attelier de doreur, autre passable vignette pour le recueil des arts que nous fesons au milieu de tous les obstacles possibles, que l’académie a commencé il y a soixante ans ; qu’elle n’a pas fait avec tous les secours imaginables du gouvernement, qu’elle vient de reprendre par honte et par jalousie, et qu’elle abandonnera par dégoût et par paresse.

Les deux paysages d’Amand sont froids, monotones, brouillés ; beaucoup d’objets entassés les uns sur les autres ; et chaque objet bien chargé de crayon, sans effet.