(1759) Salon de 1759 « Salon de 1759 — Vien » pp. 95-96
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(1759) Salon de 1759 « Salon de 1759 — Vien » pp. 95-96

Vien

La Piscine miraculeuse de Vien est une grande composition qui n’est pas sans mérite. Le Christ y a l’air benêt comme de coutume ; tout le côté droit est brouillé d’un tas de figures jetées pêle-mêle, sans effet et sans goût. Mais la couleur m’a paru vraie. Au-dessus des malades, il y a un ange qui est très bien en l’air ; derrière le Christ un apôtre en gris de lin que Le Sueur ne dédaignerait pas, mais qu’il revendiquerait peut-être ; et sur le milieu, un malade assis par terre qui fait de l’effet. Il est vrai qu’il est vigoureux et gras. Et que ma Sophie a raison quand elle dit que s’il est malade, il faut que ce soit d’un cor au pied.

Jesus Christ rompant le pain à ses disciples ; St Pierre, à qui Jesus demande, après la pêche, s’il l’aime ; La Musique ; une Résurrection du Lazare sont quatre tableaux du même, dont je ne sens pas le mérite.

Vous rappelez-vous, mon ami, la Résurrection du Rembrant ; ces disciples écartés ; ce Christ en prière ; cette tête enveloppée du linceul, dont on ne voit que le sommet, et ces deux bras effrayants qui sortent du tombeau. Ces gens-ci croient qu’il n’y a qu’à arranger des figures. Ils ne savent pas que le premier point, le point important, c’est de trouver une grande idée. Qu’il faut se promener, méditer, laisser là les pinceaux et demeurer en repos jusqu’à ce que la grande idée soit trouvées.