COYER, [N.] Abbé, des Académies de Nancy, de Rome & de Londres, né à Baume-les-Nones, dans la Franche-Comté, en 17..
Ses Bagatelles Morales ont eu d’abord le plus grand succès, mais l’examen a bientôt fait connoître que ce n’étoient que des bagatelles. L’unique maniere de M. l’Abbé Coyer, pour traiter les sujets▶ graves, est l’ironie, maniere toujours sûre de manquer son effet, si elle est trop continue & trop uniforme, comme dans ses Ouvrages. Il faut beaucoup de finesse & de variété pour ne point nuire à son ◀sujet, quand on veut être toujours plaisant.
Cet Art veut, sur tout autre, un suprême mérite,
a dit la Fontaine. Nous pensons cependant que l’ironie n’est pas toujours le vrai moyen de corriger & d’instruire, & que ce seroit abuser de cette maxime d’Horace, ridiculum acri…. que de l’appliquer sans choix aux choses les plus respectables. Il y a bien loin du badinage à ce ridicule vif & tranchant, qui corrige sans énerver la morale. Il paroît du moins que M. l’Abbé Coyer a le mérite de la bonne intention. S’il n’a pas en partage la force & la solidité, il a du moins cette légéreté, cet agrément, qui le distinguent des Moralistes ennuyeux, sans le placer parmi les grands Moralistes.
Ce qu’on peut lui reprocher, à plus juste titre, c’est d’avoir écrit la Vie du grand Sobiesky, à-peu-près comme il a écrit ses Bagatelles. Ce n’est pas que cet Ouvrage ait le même ton de plaisanterie ; mais il n’a pas non plus celui qui convient à l’Histoire ; c’est-à-dire, l’ordre, la netteté, la dignité, & la critique. Dans son Livre, qui a pour titre, De la Prédication, il est encore, & plus hors de propos qu’ailleurs, l’homme aux bagatelles. Il n’a changé ni de style ni de caractere dans ses Voyages d’Italie & de Hollande, celui de ses Ouvrages qui a eu le moins de succès, quoique ce soit le plus amusant.
M. l’Abbé de Voisenon dit, en parlant de M. l’Abbé Coyer : Il a voyagé, est revenu, & seroit bien de repartir.