Tresseol, [Pierre-Ignace de] ci-devant Professeur d’Histoire à l’Ecole Militaire, né à Avignon en 1742.
Après avoir débuté dans la carriere des Lettres par quelques petites Pieces de Poésie qui supposent de la sensibilité & un certain talent pour la versification, il a publié un volume de Discours où l’on trouve de l’élévation dans les idées, de la noblesse dans les sentimens, de la chaleur dans le style, que l’Auteur pourra perfectionner en mettant plus d’harmonie & plus de liaison dans ses périodes, trop souvent incohérentes & brusques. Ce défaut, assez ordinaire aux jeunes Littérateurs, prend sa source dans une imagination trop vive ; car dans quelques esprits, il faut que l’imagination décroisse, pour que le goût se fortifie ; comme il faut, à l’égard de certains tempéramens, que le corps se dégraisse, pour devenir robuste.
C’est au travail de M. de Tresseol que le Public est redevable de l’édition complette des Œuvres de M. Desmahis. Ce Poëte agreable, qui fit de la Poésie son amusement plutôt que son occupation, attachoit si peu de prix à ses Ouvrages, qu’il dédaigna de les mettre en ordre : on les eût même brûlés, si l’on eût exécuté ses dernieres intentions. Nous savons que ses Manuscrits n’offroient presque qu’un amas de feuilles volantes, de Pieces informes, de traits jetés au hasard sur le papier, & qui souvent n’indiquoient ni voie ni but. Cette édition demandoit donc un homme de Lettres laborieux, intelligent, Poëte lui-même, en état de remplir les lacunes, de lier les morceaux séparés, de deviner l’Auteur, de disposer de son bien comme du sien propre, de faire en un mot avec lui société d’esprit & de talens, en lui cédant tout l’honneur du succès ; M. de Tresseol qui a réuni toutes ces qualités, mérite de partager la gloire de M. Desmahis, à laquelle il nous paroît avoir encore ajouté, par l’Eloge historique qu’il a mis à la tête de la Collection des Œuvres de ce Poëte, trop tôt enlevé aux Gens de goût & de bonne Compagnie. Voyez l’article Desmahis.