GUYON, [N.] Abbé, né à Lonsle-Saunier en Franche-Comté, mort en 1771.
Il est moins connu par son Histoire Romaine, son Histoire des Indes, celle des Amazones, celle des Empires, & son Essai critique sur celui d’Occident, que par l’Oracle des nouveaux Philosophes. Il entreprend, dans cet Ouvrage, de réfuter les erreurs & les impiétés de M. de Voltaire. Pour le faire avec succès, sa méthode est d’en rapprocher les principes, & de mettre cet Ecrivain en contradiction avec lui-même. Un tel Livre devoit être accueilli par les esprits éclairés & par les honnêtes gens ; aussi tous les Lecteurs sensés en ont-ils fait cas, & le nombre des Editions qu’il a eu en prouveroit le mérite, quand même la tournure, l’invention & le style▶ ne le rendroient pas intéressant.
Il étoit naturel que l’Oracle, si vivement attaqué dans son sanctuaire, se déchaînât contre le Profanateur de ses mysteres. Par malheur, l’Oracle s’est expliqué de maniere à prouver, combien il étoit indigne du culte que la superstition lui rendoit. Les termes les plus bas sont sortis en foule de sa bouche sacrée ; en sorte que jamais Divinité ne fit entendre un pareil langage. Nous ne répéterons pas tous les anathêmes de sa fureur ; il suffit de dire qu’il appelle son Adversaire, Valet de Libraire, Auteur de la lie du Peuple & de la lie des Auteurs, le dernier des Ecrivains inutiles, & par conséquent le dernier des Hommes. On conviendra aisément, que ces raisons ne sont rien moins que divines. Voici ce qu’un simple Mortel y a répondu dans un* Ouvrage édifiant.
« Les derniers des hommes, M. de Voltaire, sont ceux qui sont les plus dangereux, & les plus dangereux sont ces Ecrivains dont la plume s’efforce de renverser tout à la fois l’ordre de la Religion & celui de la Société ; ces Ecrivains, qui dégradent les Lettres par l’injustice de leur haine, l’amertume de leur ◀style▶, la licence de leurs déclamations, l’atrocité de leurs calomnies, le renversement de toutes les bienseances ; ces Ecrivains, qui amusent, par leurs bons mots & leurs sarcasmes, la multitude ignorante & légere, & qui osent ridiculiser le mérite & l’honnêteté ; ces Ecrivains, qui veulent être plaisans aux dépens de ce qu’il y a de plus sacré & de plus respectable, qui veulent être crus en dépit du jugement & de la raison, qui veulent être estimés malgré la justice & le bon goût ; ces Ecrivains enfin, que le délire encense, & qui, noircis par la fumée de l’encens même qu’ils ont reçu, sont mis ensuite au rebut, comme ces fausses Divinités que la superstition la plus grossiere ne peut adorer qu’un moment. »
GUYS, [Jean-Baptiste] de l’Académie de Caen, né à Marseille en 17..
Son Drame en Vers libres d’Abeilard & d’Héloïse, n’est point fait pour être représenté ; sa Tragédie de Térée, en cinq actes, ne l’a jamais été ; mais on remarque dans ces deux Pieces une versification facile & quelquefois pleine de chaleur.
Il y a un Auteur du même nom & de la même ville, à qui nous devons un Voyage littéraire de la Grece, en deux vol. in-8°, plein de recherches curieuses & très-instructives, mais défigurées par beaucoup de citations parasites, & par un ◀style plus Provençal que François.
Ce Voyage ne vaut pas, à beaucoup près, celui de M. de Choiseul-Gouffier, intitulé Voyage pittoresque de la Grece, qui annonce un amateur profondément versé dans la Littérature ancienne, & un Ecrivain aussi ingénieux & poli, qu’élégant & correct.