(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » p. 305
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » p. 305

Suze, [Henriette de Coligni, Comtesse de la] morte à Paris en 1673.

Sa beauté, son esprit, ses aventures l'ont rendue célebre. Elle cultiva la Poésie, & s'attacha sur-tout à l'Elégie, où elle est regardée comme un modele de délicatesse, de naturel, & de facilité. Il y a néanmoins un choix à faire dans ses Pieces, qui ne sont pas toutes égales. Aujourd'hui ce genre est fort négligé, parce que le sentiment, qui en est l'ame, a beaucoup dégénéré parmi nous. On a voulu substituer aux Elégies une sorte d'Epîtres, connue sous le nom d'Héroïdes ; mais si on en excepte trois ou quatre, on conviendra que ce n'étoit pas la peine de créer un nouveau genre pour raisonner, métaphysiques, au lieu de peindre & de sentir.

Le Président de Fieubet mit au bas du Portrait de Madame de la Suze, ce quatrain digne du Siecle d'Auguste. Elle avoit été peinte par le fameux Largilliere, assise sur un char roulant sur des nuages.

Quæ Dea sublimi rapitur per inania curru ?
An Juno, an Pallas ? Num Venus ipsa venir !
Si genus inspicias, Juno ; si scripta, Minerva ;
Si spectes oculos, Mater Amoris erit.