Introduction
Peu d’idées semblent▶ plus vivantes aujourd’hui, plus agissantes et passionnantes que l’idée de l’égalité des hommes ; il en est peu par suite qu’il soit à la fois plus tentant et plus malaisé de soumettre à une étude scientifique. Plus que jamais on risque, devant un objet qui excite tant de sentiments divers, de confondre le vrai et le voulu, la réalité et l’idéal, la science, et la pratique. C’est pourquoi il est nécessaire de distinguer méthodiquement les unes des autres les différentes séries de problèmes qui rayonnent autour des idées égalitaires.
Notre premier soin doit donc être de séparer, des problèmes pratiques, moraux ou techniques, les problèmes scientifiques, et, de la masse de ceux-ci, le problème sociologique de l’égalitarisme.
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Faut-il traiter les hommes en égaux ? En ce cas quelle sorte d’égalité leur reconnaître ? Dois-je professer qu’ils ont mêmes devoirs, mêmes droits ? Voudrai-je que les biens, spirituels ou matériels, leur soient départagés en lots uniformes, ou en lots proportionnés, soit à leurs besoins, soit à leurs mérites, soit à leurs œuvres ? — Autant de problèmes moraux que les tendances égalitaires proposent à notre conscience. Nous ne pouvons prendre parti pour ou contre l’une d’elles, nous commander de la suivre ou nous reprocher de l’avoir suivie sans avoir, implicitement ou explicitement, résolu ces problèmes.
Mais comment peuvent-ils être résolus ? Affaire de sentiment, diront les uns. Question de principes, diront les autres. Sentiment ou principe, notion confuse et enveloppée ou claire et expliquée, ce sera toujours un « préjugé » qui nous dictera la solution : c’est-à-dire que pour mesurer la valeur d’une formule égalitaire, nous la rapportons à un certain idéal général que nous avons une fois admis, et qui nous sert de pierre de touche pour discerner les qualités estimables ou blâmables, les actions prescrites ou interdites. Par exemple, nous avons accepté les principes naturalistes ; nous tenons que la satisfaction des besoins est chose sacrée, qui prime tout, et que d’ailleurs les besoins diffèrent avec les organisations ; c’est en vertu de ces jugements généraux que nous déclarons juste et bon que les biens soient distribués proportionnellement aux besoins. Ou bien, nous avons accepté les principes rationalistes : nous tenons que la raison est par-dessus tout respectable, et que d’ailleurs elle habite dans tous les hommes ; c’est en vertu de ces jugements généraux que nous déclarons juste et bon que les mêmes devoirs leur soient imposés, et les mêmes droits reconnus. En un mot, notre estimation des différentes tendances égalitaires dépend de nos convictions principales sur le souverain bien.
Mais ces convictions elles-mêmes, de quoi dépendent-elles ? — Ou bien nous nous contentons de les affirmer sans essayer de les déduire ; elles se suffisent, nous ◀semble-t▶-il, à elles-mêmes, et, quelles que soient d’ailleurs nos théories sur l’ensemble et le fond des choses, s’imposent à nous : c’est dire que notre morale est « indépendante ». Ou bien nous essayons de justifier ces affirmations mêmes en les déduisant des lois les plus générales de l’univers ; nous voulons établir qu’elles sont conformes aux principes directeurs de la nature ou de l’esprit : et alors, aux problèmes moraux se superposent les problèmes métaphysiques de l’égalité. Nous ne nous demandons plus seulement s’il faut ou non traiter les hommes en égaux, et en quel sens, mais pourquoi il le faut ou non. La métaphysique fonde en raison les prescriptions de la morale. Notre métaphysique construite, non seulement nous déclarons que les exigences de l’esprit ou celles de la nature sont par-dessus tout respectables ; mais nous l’expliquons, par la place que nous assignons à la nature ou à l’esprit dans notre système du monde. Nous suspendons dès lors, à une chaîne de déductions philosophiques, ces mêmes maximes morales auxquelles nos jugements sur l’égalitarisme étaient suspendus.
Mais, que ces maximes soient fondées en raison ou simplement posées par la conscience, ce qui nous importe ici, c’est l’attitude qu’elles impriment à l’esprit : elle reste distincte de l’attitude de la science. La solution de problèmes tels que ceux que nous avons énumérés nous permet de porter, sur l’idée de l’égalité des hommes, des jugements d’estimation morale, non d’explication scientifique. Des principes évoqués vous pourrez déduire que l’idée en question est bonne ou mauvaise, respectable ou détestable : ils ne vous apprendront pas quelles sont ses causes, ses conséquences, avec quels faits elle est en rapports constants. Autre chose est apprécier, autre chose connaître. Les jugements de la conscience, même lorsqu’un système les formule en propositions plus ou moins générales et les enchaîne logiquement, n’impliquent pas le même rapport du sujet à l’objet que les jugements de la science.
Et sans doute, il nous est difficile d’empêcher que la conscience se mêle à la science, lorsque l’objet que nous proposons à notre étude scientifique est justement une idée morale. Les sentiments qu’elle éveille habituellement viennent s’interposer entre elle et nous, au moment même où nous la tenons sous le regard de notre intelligence. Ainsi, dans la plupart des études consacrées aux notions directrices de la conduite, les appréciations se croisent perpétuellement avec les explications, les jugements pratiques avec les jugements théoriques.
Mais combien ces interférences nuisent à l’exacte vision des rapports de fait, on le sait de reste. Rien ne trouble plus insidieusement l’intelligence qu’une préoccupation morale. Si nous ne nous détachons pas du respect ou du mépris que nous inspire telle maxime courante, nous risquons de ne pas la voir à sa vraie place dans la série des phénomènes sociaux : instinctivement nous lui prêterons les causes ou les conséquences qui nous ◀sembleront▶ les plus propres à rehausser ou à rabaisser sa valeur. L’auréole des idées morales éblouit : on ne distingue plus ce qui les rattache à la terre. L’explication est souvent faussée par l’estimation.
C’est pourquoi il paraît d’une bonne méthode, si nous voulons étudier objectivement l’idée de l’égalité des hommes, de faire autant que possible abstraction des sentiments, justifiés on non par des principes, qu’elle peut nous inspirer : nous n’avons brièvement rappelé les problèmes moraux de l’égalitarisme que pour les écarter préalablement.
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Pour réaliser l’idée de l’égalité des hommes, que faut-il faire, et quelle organisation imposer aux sociétés ? Si l’on veut que les biens et les maux y soient distribués conformément aux exigences égalitaires, en quel sens réformer la justice, la confection et l’application du Droit ? Comment réglementer le cours des transactions commerciales ? l’exercice des fonctions publiques ? des droits électoraux ? En un mot, si l’on veut obéir aux prescriptions égalitaires, suivant quels types façonner les institutions civiles et juridiques, politiques et économiques ? — Ce sont là des questions de technique sociale. Lorsque nous prenons parti pour ou contre telle politique, et que nous adoptons, par exemple, le libéralisme ou le socialisme, c’est que nous avons répondu, explicitement ou implicitement, à ces questions.
Que nous faut-il pour y répondre nettement ? — Savoir avec précision, d’une part quelle sorte d’égalité nous voulons réaliser, et d’autre part quels effets produit tel ou tel type d’institutions. Alors seulement nous pourrons, en vue des fins que nous aurons déterminées, préconiser une certaine pratique sociale. Par exemple, je tiens pour souverainement juste la maxime : « À chacun selon ses œuvres »
, et d’autre part je crois que la libre concurrence ne saurait, par elle-même, répartir les richesses proportionnellement aux travaux, j’invoque en conséquence l’intervention de l’État dans l’économie nationale. Ou bien, je pose en principe que tous les citoyens ont droit aux mêmes libertés civiles, et, d’un autre côté, je crois que lorsqu’une classe seulement des citoyens prend part au gouvernement, les libertés civiles ne sont pas également sauvegardées pour toutes les classes : je réclame en conséquence le suffrage universel. En, un mot la solution que je donne aux problèmes techniques de l’égalitarisme dépend de la conception que je me suis faite tant des fins les plus dignes de la société, que des moyens les plus aptes à les réaliser.
Mais de quoi dépend à son tour notre conception et de ces fins et de ces moyens ? — Pour les fins, c’est évidemment de nos idées générales sur ce qui est essentiellement bon, désirable ou obligatoire que nous les déduisons. De ce point de vue, la position que nous prenons vis-à-vis des problèmes techniques est commandée, au premier chef, par celle que nous avons prise vis-à-vis des problèmes moraux. Si nous réclamons une certaine répartition des richesses ou des libertés, c’est que nous avons adopté, en dehors de toute observation scientifique, une certaine idée de la valeur des besoins ou des devoirs des hommes. En ce sens, dans la mesure où nos sentiments moraux se justifient eux-mêmes par des principes, c’est bien notre métaphysique qui choisit notre parti politique.
Mais, une fois la fin posée, reste à savoir quels moyens sont propres à la réaliser. À cette question, il ◀semble▶ que l’observation scientifique devrait répondre. Entre deux hommes qui s’entendent sur la définition de l’idéal social à réaliser, tout en ne s’entendant pas sur le choix des types d’institutions à favoriser ou à combattre, ne peut-on décider, abstraction faite de tout sentiment personnel ou de tout principe métaphysique, par une recherche objective ? Par exemple, l’intervention de l’État hâterait-elle ou au contraire empêchera-t-elle une répartition des richesses conforme à l’idéal que vous acceptez ? Cet idéal serait-il mieux servi par un suffrage universel « atomique » ou par un suffrage « organisé » ? — Seule l’expérience, méthodiquement consultée, donnerait ici une réponse indiscutable : en nous faisant connaître les effets différents des différentes formes d’institutions, elle seule nous permettrait de distinguer celle qui produit bien les résultats demandés par l’idéal défini. La fin une fois posée a priori, il serait possible de découvrir a posteriori les moyens les mieux adaptés à cette fin. En ce sens, les problèmes techniques de l’égalitarisme, s’ils sont encore, par un côté, des problèmes moraux, sont déjà par un autre côté des problèmes scientifiques. Si la science sociale est incapable de dire pourquoi il faut réaliser l’égalité, elle pourra montrer comment.
Toutefois, à quelles conditions le pourra-t-elle ? À quel prix ses conseils seront-ils autorisés, ses prévisions indubitables ? — Il faudra qu’elle connaisse dans tous leurs effets les formes d’institutions comparées. Elle devra, par suite, en avoir discerné et catalogué, non pas seulement les conséquences visées et voulues, mais les conséquences inattendues. À côté des résultats qu’on leur demande pour la réalisation d’une certaine fin, les réformes sociales en produisent une infinité d’autres. C’est jusque dans leurs contrecoups lointains qu’il vous faut les comparer, si vous voulez prouver scientifiquement la supériorité d’une mesure.
C’est avouer que bien longtemps encore nous devrons nous laisser guider dans la politique par une sorte de tact empirique. La vie n’attend pas la science ; et il ne faudrait rien moins que la science parfaite et complète de toutes les séries des phénomènes sociaux pour nous donner la formule de la vraie politique égalitaire. La solution scientifique des problèmes techniques de l’égalitarisme doit être réservée aux sciences sociales achevées.
Dans l’état actuel de ces sciences, serait-il méthodique de leur demander, dès l’abord, de pareilles solutions ? Est-il prudent, si l’on veut que la sociologie se constitue scientifiquement, de lui proposer d’emblée ces problèmes politiques ? — Justement parce qu’ils sont pressants, et parce qu’on ne peut les résoudre sans mêler des « jugements d’ordre pratique avec des jugements d’ordre théorique, des préférences morales avec des constatations, nous risquons, en nous y attaquant aussitôt de perdre de vue la distinction du réel et du désirable. Préoccupés de l’action, et attendant de telles ou telles institutions certains effets exigés par une certaine fin, nous avons plus de chances d’oublier ou de négliger les effets non demandés, ceux justement qu’il serait le plus important d’apercevoir. Ainsi, le souci de l’utile peut nuire au souci du vrai. À vouloir tirer trop tôt parti de la science, on risque de l’empêcher de porter ses fruits. En ce sens l’ambition légitime, mais prématurée, de résoudre scientifiquement les questions sociales n’a-t-elle pas retardé la solution des problèmes sociologiques ? — Les sciences sociales doivent au moins provisoirement, rester « théoriques » : telle ◀semble▶ être aujourd’hui la première condition de leur progrès.
C’est pourquoi, faisant abstraction de toute considération pratique, et refusant de nous poser la question, soit des principes par lesquels les idées égalitaires peuvent se justifier, soit des moyens par lesquels elles peuvent se réaliser, nous écartons méthodiquement, en même temps que les problèmes moraux, les problèmes techniques de l’égalitarisme ; nous n’en voulons retenir que les problèmes proprement scientifiques.
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Avec quels phénomènes l’idée de l’égalité des hommes, là où elle se montre en fait, est-elle en relations constantes ? Quelle que soit sa valeur — qu’elle soit, ou non, juste, et réalisable ou non — comment, son apparition est-elle déterminée ? Quels sont ses antécédents ? — Voilà un problème strictement scientifique.
Il importe en effet, si l’on veut le résoudre, non plus de prendre parti pour ou contre l’idée de l’égalité, mais de l’accepter comme un fait, dont il faut établir, soit inductivement, soit déductivement, les rapports avec d’autres faits. Nos préférences fondées ou non en raison, n’ont plus voix au chapitre : c’est avec un esprit méthodiquement désintéressé que nous devons aborder, comme s’il s’agissait de minéraux ou de végétaux quelconques, l’étude des idées égalitaires ; elles ne sont plus pour nous que des produits qu’il faut expliquer, et non estimer. Aurions-nous réussi, en comparant analytiquement les circonstances de leur apparition, à découvrir les phénomènes avec lesquels leur rapport est constant, et d’autre part à prouver, en dérivant ce rapport de vérités plus générales, qu’il est autre chose qu’une coïncidence, alors la loi de la production de l’égalitarisme nous serait connue ; il serait pour nous, dès lors, l’objet d’une véritable « science ».
Pour que cette science fût totale, il y aurait lieu de chercher dans les sens les plus différents les antécédents de l’égalitarisme : seules des recherches multiples, poussées de tous les côtés, nous en livreraient l’explication « exhaustive » ; toutes les sciences qui, directement ou indirectement, touchent aux phénomènes sociaux auraient sans doute leur mot à dire. Les conditions matérielles ou morales de toutes sortes, la configuration du sol qui porte les hommes, la nature des instruments qui sont à leur disposition, les caractères anatomiques de leur race, leurs besoins, leurs croyances, leurs sentiments, les qualités différentes des choses ou des personnes peuvent exercer une influence, directe ou indirecte, médiate ou immédiate, sur le succès social de l’idée de l’égalité : pour être sûr de n’oublier aucun de ses antécédents, il faudrait passer en revue toutes ces espèces de phénomènes, et peser l’efficacité propre à chacune d’elles. En ce sens, l’explication intégrale d’un fait social suppose une conspiration de toutes les disciplines de l’histoire, de celles qui ont déjà revêtu la forme scientifique comme de celles qui l’attendent encore : sociogéographie, technologie, anthropologie, psychologie des peuples, économie politique, science des religions, de la morale, etc. : cette conspiration, c’est la future philosophie de l’histoire, qui ne doit plus être, comme celle de l’âge héroïque, antérieure, mais postérieure à la connaissance scientifique des faits sociaux.
Que le moment de ces synthèses grandioses ne soit pas encore venu, on le sait d’ailleurs. On sait aussi que, pour en hâter la venue, il faut, suivant le précepte cartésien, diviser les difficultés, c’est-à-dire procéder par analyse. Il ◀semble▶ qu’on ne puisse actuellement constituer de science sociale qu’à la condition de décomposer l’histoire, c’est-à-dire d’isoler ses « facteurs » pour pousser aussi loin qu’il est possible la connaissance de leurs formes propres, de leurs conséquences et de leurs causes. C’est pourquoi nous ne nous proposons pas d’épuiser les causes diverses de ce phénomène historique qui est le succès des idées égalitaires : parmi les séries de conditions qui peuvent concourir à sa production, nous en choisissons une, moins étudiée que les autres, mais non moins importante, pour mesurer l’influence qui lui revient ; et c’est la série des phénomènes proprement sociaux. — En un mot, des problèmes scientifiques de l’égalitarisme, déjà séparés en bloc des problèmes pratiques, nous ne retenons que le problème sociologique.
Lorsqu’on nous a dit sur quel sol et sous quel ciel vit un groupe d’hommes, s’ils sont dolichocéphales brachycéphales, aryens ou sémites, s’ils sont entrés ou non dans l’âge des machines, s’ils craignent Dieu ou n’y paraissent pas penser, s’ils sont insouciants ou prévoyants, s’ils penchent vers le matérialisme ou vers l’idéalisme, on n’aura pas encore épuisé la liste des déterminants de leur histoire. Mais comment sont-ils groupés, et suivant quel mode ? Leur société est-elle grande ou petite, homogène ou hétérogène, simple ou compliquée, inorganisée ou centralisée ? Et quelles sont les diverses conséquences de ces formes diverses ? — Autant de questions que les différentes sciences des phénomènes historiques n’abordent pas directement, et, qui méritent cependant d’être traitées à part.
Indépendamment en effet des phénomènes physiques ou psychiques qui se déroulent à l’intérieur des sociétés, quelles que soient la race ou les idées des unités qu’elles associent, les sociétés se ressemblent ou diffèrent par la façon dont leurs unités sont associées, par les modalités de leur groupement. Et sans doute, sur ces modalités mêmes, les caractères physiologiques ou psychologiques des hommes rassemblés sont capables d’exercer une action : elles n’en sont pas moins des faits spécifiques, et par suite elles doivent posséder une efficacité propre, qu’il s’agit de mettre en lumière. En un mot, indépendamment de leur matière, il y a lieu de classer les formes des sociétés, de déterminer les relations qu’elles peuvent soutenir avec les différents ordres de phénomènes historiques, de fixer ainsi les faits qui les précèdent ou ceux qui les suivent régulièrement : c’est-à-dire qu’il, y a place, à côté des différentes sciences sociales, pour une science de ce qui est spécialement social, la sociologie proprement dite.
Si la sociologie lato sensu , rejoignant la philosophie de l’histoire, ne peut être qu’une synthèse des sciences sociales particulières, il est permis de concevoir, en attendant l’heure de sa construction, une sociologie, stricto sensu qui serait elle-même une science sociale particulière — la science des formes des sociétés, de leurs causes et de leurs conséquences1.
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On comprend à présent ce qui constitue à nos yeux le problème purement sociologique des idées égalitaire : nous ne recherchons méthodiquement, parmi les conditions de leur succès, que celles qui se trouvent dans le champ des formes sociales.
Entre les formes sociales que nous pouvons distinguer, quelles sont celles qui favorisent l’expansion de l’égalitarisme, telles que leur seule présence dans un pays et dans un temps fournirait du progrès qu’y font les idées égalitaires, une explication partielle ? — Telle est la question précise que nous voulons nous poser.
Si nous réussissions à y répondre, en même temps que nous aurions contribué à la connaissance scientifique d’une des idées sociales les plus actives, nous aurions prouvé, par un exemple et non plus seulement par des considérations de méthode, la spécificité de la sociologie.