Chapitre VII.
Versailles.
La peinture, l’architecture, la poésie et la grande éloquence ont toujours dégénéré dans les siècles philosophiques. C’est que l’esprit raisonneur, en détruisant l’imagination, sape les fondements des beaux-arts. On croit être plus habile, parce qu’on redresse quelques erreurs de physique (qu’on remplace par toutes les erreurs de la raison) ; et l’on rétrograde en effet, puisqu’on perd une des plus belles facultés de l’esprit.
C’est dans Versailles que les pompes de l’âge religieux de la France s’étaient réunies. Un siècle s’est à peine écoulé, et ces bosquets, qui retentissaient du bruit des fêtes, ne sont plus animés que par la voix de la cigale et du rossignol. Ce palais, qui lui seul est comme une grande ville, ces escaliers de marbre qui semblent▶ monter dans les nues, ces statues, ces bassins, ces bois, sont maintenant ou croulants, ou couverts de mousse, ou desséchés, ou abattus, et pourtant cette demeure des rois n’a jamais paru ni plus pompeuse, ni moins solitaire. Tout était vide autrefois dans ces lieux ; la petitesse de la dernière Cour (avant que cette Cour eût pour elle la grandeur de son infortune) ◀semblait à l’aise dans les vastes réduits de Louis XIV.
Quand le temps a porté un coup aux Empires, quelque grand nom s’attache à leurs débris et les couvre. Si la noble misère du guerrier succède aujourd’hui dans Versailles à la magnificence des Cours, si des tableaux de miracles et de martyres y remplacent de profanes peintures, pourquoi l’ombre de Louis XIV s’en offenserait-elle ? Il rendit illustres la religion, les arts et l’armée : il est beau que les ruines de son palais servent d’abri aux ruines de l’armée, des arts et de la religion.