(1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. J. Autran. Laboureurs et Soldats, — Milianah. »
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(1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. J. Autran. Laboureurs et Soldats, — Milianah. »

M. J. Autran
Laboureurs et Soldats, — Milianah.

I

À la bonne heure ! Laboureurs et Soldats ! Le fer sous les deux formes, éternelles et sublimes, qui ne changeront jamais, malgré tous les progrès et toutes les civilisations, comme ils disent ! La vie par le fer, ense et aratro, car la guerre, c’est la vie, malgré la mort qu’elle sème autour d’elle ; c’est la vie morale qui importe bien plus que la vie physiologique ! Les peuples mourant de mollesse, de paix, d’abjection diplomatique, ressuscitent par la guerre. Ils lavent leurs pourritures dans le sang qu’ils versent et ils les guérissent. Laboureurs et Soldats ! c’est le plus beau sujet pour un poète. Laboureurs et Soldats ! c’est Hésiode et c’est Homère. C’est l’Énéïde aussi et c’est les Géorgiques. Avec les laboureurs, vous avez le plus beau poème didactique de l’Antiquité et vous pouvez avoir les plus charmants poèmes romanesques, comme les conçoit la tête moderne. Avec des soldats, vous avez l’Épopée, car le poème épique, parmi les hommes, se taille mieux que dans toute autre étoffe dans le manteau de guerre du soldat !

Le titre donc des livres de M. Autran nous a attiré. Était-ce un poème ? Était-ce une succession de poèmes ? Évidemment, l’esprit de l’auteur était hanté par les beaux sujets poétiques, et c’était là une supériorité dans ce temps. Il avait l’instinct du sujet, mais avait-il le détail ? Avait-il ce qui fait le poète ?… Quand nous nous en allons en égoïstes Contemplations de toutes sortes, quand nous ne méditons que sur nous-mêmes, quand la poésie du moi, dans la littérature du xixe  siècle, suit la philosophie du moi, comme le laquais suit son maître, nous trouvons nouveau et excellent ce titre impersonnel et viril qui nous promet des peintures saines et mâles, des mœurs naïves et touchantes et des sentiments de héros. Seulement le livre tiendra-t-il toutes les promesses de son titre, et M. Autran est-il vraiment le poète, doué du génie des sujets auxquels il a si noblement dévoué sa pensée ?…

Toute l’œuvre poétique de M. Autran n’est pas dans les deux volumes que nous signalons aujourd’hui, Laboureurs et Soldats et Milianah ; elle est encore ailleurs. Il a écrit La Fille d’Eschyle, étude antique qui a été couronnée par l’Académie française, et Les Poèmes de la mer, dans lesquels il a cru un peu trop l’avoir inventée. Qu’il nous permette de lui affirmer sur l’honneur que la mer est dans Homère et dans lord Byron, et que lui, M. Autran, n’en est pas uniquement l’Archimède. Nous n’avons point aujourd’hui à parler de ces Poèmes de la mer sur lesquels nous reviendrons peut-être. D’ailleurs, Laboureurs et Soldats et Milianah suffisent pour donner une idée complète de la manière de M. Autran qu’ils ont fixée. La manière des poètes importe plus à la Critique que le menu ou le gros des œuvres, car c’est par la manière qu’elle classe les poètes et qu’elle peut les caractériser.

Sauf l’exception et le phénomène d’un de ces développements inattendus dont quelques esprits (Balzac entre autres, et si glorieusement !) ont donné l’exemple, et qui sont la révélation ou plutôt l’éclosion d’un talent impossible à prévoir, M. J. Autran est dorénavant, à peu de chose près, ce qu’il sera toujours. Il a sa manière qui ne changera pas. La manière des poètes, c’est leur visage. Assurément, il y a une grande différence entre les Heures de loisir de lord Byron et ses autres œuvres ; mais, sous l’adolescente indécision des Heures de loisir, sous cette fausse emphase de jeunesse que nous eûmes tous, et qui n’est rien de plus que l’ignorance de la vie, on reconnaît pourtant déjà les lignes de ce galbe immortel qui sera tout à l’heure d’une beauté divine. Et plus tard, sous le sourire de Don Juan, sous la seule contraction d’ironie qui ait passé par ces lèvres pâles et si fièrement désespérées, on retrouve aussi le sérieux profond et la rêverie de celui qui partout n’est que Childe-Harold.

Un homme, si volontaire qu’il soit, n’est pas libre de son visage. Il peut le dégrader, mais il ne saurait l’abolir, même quand il le transfigure. Il en est de même de la manière des poètes. Qu’ils la reprennent en sous-œuvre, qu’ils la modifient à force de réflexion et d’études et qu’ils mettent à cela les années et l’acharnement du travail, — du travail auquel, hélas ! on croit tout possible aujourd’hui ! — et ce sera en vain ! Il y aura toujours dans la manière comme dans le visage quelque chose qui résistera à tous les efforts. La poésie, comme la beauté, est de création supérieure à l’homme. Il les reçoit, et il y ajoute ou y retranche, mais il ne peut les conquérir.

II

Si cela était possible, du reste, si cette manière qui est le visage de notre pensée et qui nous a été donnée comme notre autre visage pouvait être changée au gré du poète et du penseur, M. Autran serait, nous le croyons, un des hommes les mieux faits pour opérer sur lui-même cette transformation. M. Autran est en poésie ce qu’on peut appeler un rude travailleur, et, s’il ne l’est pas, si, en fait, nous nous trompons, il en a l’air, et c’est la même chose, Rappelez-vous un mot terrible ! « Je n’ai que trente-cinq ans et pas un cheveu blanc », disait un homme amoureux à une femme trop aimée. « Vous avez l’air d’en avoir », lui répondit-elle. Eh bien ! la poésie de M. Autran a cet air de cheveux blancs, et ils lui semblent venus dans la peine du labeur et des veilles de l’étude. Elle a peut-être très bien dormi, mais elle est alors naturellement fatiguée. On dirait qu’elle s’efforce, sue d’ahan, porte des fardeaux. Poésie gênée, mortifiée, qui fait souffrir plus encore qu’elle ne gouffre. Elle n’enlève pas légèrement sur son front limpide tout un monde d’idées ou de sentiments comme les cariatides de Goujon enlèvent leurs corbeilles. Elle est une cariatide froncée, écrasée, et bien ennuyée de porter son lourd entablement, et le pis de tout cela, c’est qu’on est de son avis et qu’on partage sa sensation, à cette cariatide !

Il est difficile, en effet, de donner à distance une idée très-exacte de cette poésie consciencieuse et bien intentionnée, mais qui n’a guère pour elle que son intention et sa conscience. M. Joseph Autran est la meilleure réponse vivante à la théorie dont M. Théophile Gautier insulte lui-même son grand talent par coquetterie, à savoir : qu’avec de certains procédés, on peut créer des poètes, comme Vaucanson fabriquait des joueurs de flûte et des canards. M. Autran ferait bien de passer chez M. Théophile Gautier. Il attend toujours son Vaucanson ; mais, en attendant, il n’est pas inerte. Il souffle dur ! Jamais Borée ne s’est enflé les joues de plus ronde et plus sanguine façon, fût-ce pour enlever Orythie à la jupe bouffante ! Ce qui devrait suivre un pareil souffle, ce n’est pas seulement le son mélodieusement voilé de la flûte, c’est le cri du clairon, tubæ clangor ! Mais rien ne sort. L’instrument étouffe. Le poète de Laboureurs et Soldats a dans ses vers quelque chose de noué, d’obtus, de sourd ; il cheville. Or, si vous ôtez le vers à M. Autran, si vous contestez le bon aloi de sa versification, que lui reste-t-il ? Il pense assez peu, — peint encore moins, — mais il versifie, et, parce qu’il n’a pas les arabesques affectées ou les enfantillages malades de M. Théodore de Banville, il est des gens qui vous disent sérieusement que le vers de M. Autran est un vers bien fait, comme si la sécheresse était la sobriété ; comme si, pour être bien fait, le vers, comme l’homme, ne devait pas avoir du muscle et de souples articulations ! C’est par là, en effet, — c’est par les attaches, les articulations, la grâce des mouvements, — et il n’y a jamais de force sans grâce, — que pèche le vers de M. Autran, malgré l’effort visible du poète pour en travailler, sinon pour en remplir le vide.

M. Joseph Autran est le contraire d’Alfred de Musset, de cet incorrect aussi, mais de cet incorrect facile et charmant, qui joue et pleure avec la Muse, comme un souverain d’enfant gâté qu’elle adore M. Autran n’est pas un gamin de génie, lui ; c’est un homme, je ne dis pas d’inspiration, mais de volonté grave et élevée, et c’est bien cela ! ajustant le mieux qu’il peut les incorrections d’un style poétique sans puissance à une pensée dont nous ne contestons pas la moralité, mais dont nous contestons la grandeur. Les sujets de ses poëmes étonnent quand on pense à leur exécution. Il taille cette fonte avec un chalumeau de bijoutier. Il est mince et à la fois lourd, rareté qui n’est pas une merveille. Il sue pour être léger. Quand il est naïf, la naïveté du fond est compromise par la forme. Dans le moindre canevas (ses Soldats ne sont qu’un poème de quelques pages), il entasse deux cents tours de force qui ne sont pas des tours d’adresse. Il est littérairement infortuné. Figurez-vous un bœuf obligé à tricoter une bourse de perles. Encore une fois, il est de salutaire exemple de le dresser aujourd’hui comme une objection devant la théorie des travailleurs, — des hommes de peine en littérature. C’est le poète du labor improbus dans sa gloire manquée. Il a pris de la peine et il en fait.

III

Tels sont les défauts de M. Autran, et comme les défauts d’un homme entrent plus profondément peut-être dans sa manière que ses qualités, telle est aussi sa manière. Évidemment, il n’est pas un poète à la hauteur des sujets qu’il a su choisir, et nous disons choisir à dessein, car les sujets ne s’emparent point de M. Autran comme ils s’emparent des véritables poètes, dont la préoccupation, la rêverie, les pentes d’esprit, sont irrésistibles, et qui sont saisis par le sujet, comme par l’inspiration elle-même. Dans l’inutile préface qui précède ses poèmes, M. Autran nous a fait le petit ménage de son esprit. « Quand, il y a dix-huit mois, dit-il, je publiai Les Poèmes de la mer, quelques-uns de mes bienveillants critiques exprimèrent le désir (oh ! oh !) de me voir quitter par intervalle (ce n’est donc qu’un instant) les régions purement lyriques pour aborder le terrain de la réalité. » Et il ajoute, en chiffonnant une idée juste : « A l’origine des littératures, les scènes de la vie agricole et de la vie militaire constituent les plus fécondes sources d’inspiration (constituent une source, quelle poésie !) : pourquoi la poésie, au déclin des civilisations poussées à l’excès, n’irait-elle pas chercher un rajeunissement aux sources premières ?… » Nous n’aimons pas beaucoup ce rajeunissement. On ne rajeunit rien de tout ce qui doit vieillir et passer dans ce monde, et le fard des littératures décrépites, c’est l’archaïsme, un fard, comme tous les autres, affreux ! Mais nous disons qu’il faut chanter la vie agricole et la guerre, parce que ces choses sont grandes, magnifiques, éternelles, et qu’en multipliant les formes sous lesquelles elles se traduisent aux yeux des hommes, elles n’ont pris ni un jour, ni une heure, aussi belles et plus belles peut-être qu’aux premiers moments de la création. L’agriculture et la guerre sont des sources de poésie immortelle, mais l’homme qui les considère comme une ressource de littérature défaillante, et rien de plus, n’a jamais eu cette flamme qu’il n’est pas ridicule d’appeler le feu sacré. L’honnête citoyen qui prend si tranquillement sa canne et son chapeau pour aller se rafraîchir aux sources premières, — à ces citernes qui s’appellent Ruth, Tobie, Josué, les Machabées, — n’est pas digne de ce nom de poète, et encore s’il y allait ! Mais Dieu sait où il va ! Si cet homme qui dans sa préface a eu, probablement après coup, une idée juste, l’avait abordée dans ses poèmes, s’il portait quelque part l’influence ou l’empreinte des récits bibliques ! Mais non ! impossible d’en saisir la trace, et le voilà qui manque également de grande imitation et de forte originalité !

IV

Il aurait peut-être été un prosateur estimable, qui sait ? mais il ne l’est point, à coup sûr, dans cette prose où les vers se sont mis, comme disait Rivarol, car où les vers se mettent, la prose n’est plus. Le prosaïsme n’est pas de la prose. Les Laboureurs et Soldats de M. Autran sont deux poèmes distincts, des poëmes d’une invention si simple qu’on retirerait et réduirait à rien par l’analyse et où tout est de mœurs modernes et dans le détail. Ce sont deux très petits romans, en vers. Ce genre de poésie que M. de Lamartine inaugura en France par son poème de Jocelyn existe depuis longtemps en Angleterre, pays du roman sous toutes les formes, et il exige une expression d’autant plus idéale et plus puissante, que les faits qu’il retrace, les sentiments et les habitudes qu’il reproduit sont plus près de nous.

Quand on n’a pas les lointains de la perspective, il faut le double de l’expression. Il faut l’énergie de Crabbe, par exemple, pour donner à une histoire de ferme ou d’hôpital le relief, la profondeur et l’intimité de vie sans lesquels la poésie n’est qu’une rimaillerie plus ou moins perfectionnée. M. Autran, qui n’a pas le don de peindre, qu’on ne pourrait pas même nommer le Ponsard de la description, n’est véritablement qu’un rimeur dont le vers copié de facture, le croirait-on ? sur celui de Molière qu’il énerve, affadit et disloque, tombe de dix degrés dans cette trivialité supportable et de ressemblance, à la scène, dans la bouche d’une servante comme Dorine ou d’un vieux bourgeois comme Gorgibus, mais devient dans un poème où le poète parle toujours, d’une incomparable platitude. Voulez-vous un échantillon de cette langue qui a pour visée la simplicité et qui atteint au-dessous ?

Et Thérèse, à ces mots, levant vers lui son œil,

pour ses yeux, probablement, car dans le poème Thérèse n’est pas borgne.

Elle, de son côté, remarquait sa figure,
Sa taille, sa pâleur ; teint de funeste augure.
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Vous qui savez les lois, vous nanti de science,
Venez guider un peu l’humble inexpérience !
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Dans ce noir Lubeston, chargé d’antiques bois,
Le tonnerre et les bois mugissaient à la fois,
Le ciel y ruisselait, immense cataracte,
Quelle vie, à cette heure, en fût sortie intacte ?
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On rapporte qu’un jour, au plus fort de l’hiver,
Entrant chez un vieillard malade et peu couvert,

Quelle charmante litote ! malade et peu couvert ! Quelle pudeur pour dire nu probablement ! Non sordidus auctor ! Rappelez-vous Horace !

De sa propre dépouille il vêtit sa misère
Et revint sans habit, ainsi qu’un pauvre hère !

Ah ! le pauvre hère, c’est le poète, le poète attaché à cette rime exacte qui est son bourreau mystérieux !

… Le canon tout à coup frappe l’air :

Nos soldats, à ce bruit, debout, prêts à combattre,

Du triomphe prochain purent voir le théâtre !

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Maurice y gambadait (au bal), joyeux comme un grelot,

Venant y rencontrer Joseph le matelot :

Ami, lui dit Armand, tu conviendras, j’espère,

Qu’on passe à la campagne un temps assez prospère,

N’est-on pas mieux ici que sur le pont mouvant,

En pleine mer, battu des vagues et du vent ?

Ce style inouï, M. Joseph Autran ne l’a pas mis seulement au service de ses propres inventions. L’héroïque défense de Milianah, un épisode de notre guerre d’Afrique, comme il l’appelle, avait, il y a bien des années, tenté la jeune verve de M. Autran, Et c’est ce poëme qui a des prétentions de récit épique, malgré l’étroitesse de son cadre et sa brièveté, que M. Autran, qui se croit mûri, a repris, recrépi et dernièrement republié. Malheureusement, les vers de M. Autran, qui ressemblent à des vers écrits pour un concours académique, ne peuvent lutter contre le récit du commandant de Milianah, le colonel d’Illens, contre cette page magnifique de simplicité et de tristesse que tout le monde a lue dans le livre de La Guerre et l’Homme de guerre, par M. Louis Veuillot, l’un des grands écrivains de ce temps-ci. Non, certes, que la poésie ne pût ajouter à la beauté du fait qu’elle raconte et élever une réalité si sublime à quelque chose de plus beau encore que la mâle simplicité du récit : ce serait nier la poésie et l’art du poète que de le prétendre ; mais il fallait un poète qui eût la corde militaire ; et, il faut bien le dire, les cordes de la lyre de M. Autran ne sont guère que les ficelles du métier.

V

Pourquoi donc, cette vulgarité étant donnée, parler si longtemps de ce poète ? L’auteur de Milianah et de Laboureurs et Soldats a-t-il l’importance qui justifie l’examen détaillé de la Critique ? Malgré la sympathie et l’estime que nous avons pour les intentions morales et la conscience littéraire de M. Autran, nous ne pensons pas qu’il tienne personnellement une place très extérieure et très visible dans la littérature contemporaine. Seulement il y a près de lui et autour de lui des Écoles qui le vantent et qui lui assignent le rang difficile à reprendre lorsqu’on l’a donné à un homme ou qu’on a souffert qu’il le prît. Ne nous y trompons pas ! Il n’y a pas que l’Académie qui couronne cette poésie déjà couronnée… aux genoux.

Présentement nous descendons l’escalier des Écoles. Il y a l’École du bon sens, et ce n’est pas la pire ; il y a l’École de la vulgarité, si chère aux esprits égalitaires de cette époque de démocratie intellectuelle. Partout là l’auteur de Laboureurs et Soldats est traité d’écrivain viril, la plus noble qualification, selon nous, qu’on puisse donner à un homme de lettres dans ce temps, si tristement émasculé. Eh bien ! en vérité, c’est trop. C’est trop, et cependant ce n’est pas tout. Dernièrement, un Critique optimiste, un de ces Critiques bienveillants dont M. Autran parle dans sa préface, remontait des mérites de M. Autran aux mérites poétiques du xixe  siècle, et dénombrait pompeusement les genres de vers que le xixe  siècle avait inventés, à peu près, il est vrai, comme M. Autran a inventé la mer dans ses poèmes. Il y avait le vers lyrique, le vers descriptif, le vers saltimbanque ; et, en effet, celui-là est particulièrement de notre temps.

En voyant tous ces trésors, le Critique optimiste pantelait d’admiration. Mais il ajoutait que le vers de l’avenir et le vers qui caractériserait la poésie du xixe  siècle serait à peu près le vers de M. Autran. À ce compte-là, la poésie s’enterre comme les hommes dans quatre planches de sapin mal rabotées et mal jointes… Mais vraiment, quoique nous ne soyons pas enthousiaste fou de notre siècle, nous ne croyons point à cette prophétie, et nous avons voulu nous inscrire en fait et en faux contre elle par un doux haro… sans clameur !