Blémont, Émile (1839-1927)
[Bibliographie]
Contes et féeries (1866). — Poèmes d’Italie (1870). — Les Cloches, imité de Poe (1876). — Molière à Auteuil, en collaboration avec Léon Valade (1876). — Le Barbier de Pézenas, comédie en un acte et en vers (1877). — Portraits sans modèle (1879). — La Prise de la Bastille (1879). — Le Jardin enchanté (1882). — Le Livre d’or de Victor Hugo (1883). — Poèmes de Chine (1887). — Roger de Naples, drame en 5 actes et en vers (1888). — La Raison du moins fort (1889). — Les Pommiers fleuris (1891). — Alphabet symbolique (1895). — La Belle Aventure, vers d’amourette et d’amour (1895). — A. Watteau (1896). — La Soubrette de Molière, à-propos en un acte, en vers (1897). Mariage pour rire, comédie en un acte, en vers (1898). — Théâtre moliéresque et cornélien (1898). — En mémoire d’un enfant (1899). — Les Gueux d’Afrique (1900).
OPINIONS.
Jean Prouvaire
Le Barbier de Pézenas : La comédie de MM. Émile Blémont et Léon Valade est une très joyeuse et très littéraire farce, qui amuse par la bouffonnerie des incidents et charme par la grâce et l’inattendu du style.
Paul Ginisty
M. Émile Blémont est connu
depuis longtemps, et son amour pour la muse est déjà d’ancienne date ; ses Poèmes de Chine sont un caprice raffiné de lettré qui, avec une
subtilité extrême, s’est plu, mandarin improvisé, à un pastiche délicat des vers
des poètes du Fleuve Jaune. Paul
Arène a joliment défini ainsi le Chinois : « Un homme calme,
assis dans un petit jardin, et qui songe aux aïeux en regardant pousser ses
choux. »
C’est ce Chinois-là qui apparaît à travers les séduisantes
imitations de M. Émile
Blémont. Tant pis pour le Chinois, s’il n’est pas tel dans la
réalité ! Et l’on voit, sous les rayons de la lune d’argent, des ombres descendre
les escaliers de jade de pagodes, ou, dans les maisons de thé, les bons lettrés
discourir sur l’amitié, le vin, la musique. Ou bien c’est l’histoire de la belle
Lou Tho, qui dédaigne l’amour de l’Empereur, ou encore l’aventure de la courtisane
qui demande par curiosité au juge des Enfers de renvoyer son âme dans le sein
d’une honnête femme. C’est vraiment un livre très artiste.
En même temps, dans une note toute autre, M. Blémont donne ses chansons normandes, qui ont la saine senteur de la terre des bons pommiers. On aime et on boit largement dans ces chansons rustiques.
Théodore de Banville
Rapidité et variété de l’image, harmonies bien pondérées, éclat et originalité de la rime, telles sont les qualités qui donnent aux vers de M. Émile Blémont cette étrangeté sans laquelle la beauté ne serait rien pour nous. Il a l’art de dire la chose à laquelle on ne s’attend pas et qui, cependant, est celle qu’il fallait dire. Surtout il trouve, du premier coup, ingénieusement, le trait caractéristique.
Charles Fuster
Les Poèmes de Chine de M. Émile Blémont : Rien de curieux, rien de neuf et de vieillot à la fois comme ces petits morceaux, d’une inspiration simple et fraîche. On me permettra de donner un échantillon du genre :
Lorsque les vierges des campagnesVoguent sur les flots du lac bleu,Les fleurs lèvent la tête un peuEt disent : « Voici nos compagnes ! »
Puis, lorsqu’au souffle de la nuitToutes s’en retournent chez elles,La lune aux blanches étincellesSur les flots clairs les reconduit.
Anatole Cerfberr
Poète, essentiellement poète, grisé de cadence, de mesure et de difficulté vaincue, et néanmoins facile ouvrier des assemblages de rimes ; barde mariant sentiment, forme, pensée ; rêveur et berceur ; philosophe attendri et élevé, et musical ciseleur ; combinant Hier et Aujourd’hui, fougue et élan des preux, aïeux de soixante ans écoulés et mécanisme compliqué, ouvragé des quintessenciés de notre minute.
Problème obtenu, résolu, donnant une sorte de Maître !
Philippe Gille
M. Émile Blémont est un poète qui ne chante qu’à ses heures, quand l’inspiration le lui commande, suivant la saison, le jour, l’événement ; de là le charme varié du livre de poésies : La Belle Aventure. On y trouvera de tout, aussi bien une ode qu’une chanson, aussi bien une satire qu’une invocation, un quatrain qu’une belle description ou d’éloquentes stances. Les divisions de ce recueil en « Vers d’amourettes » et « Vers d’amour », « Au gré du rêve » et « Ciel de France », expliqueront mieux la pensée de l’auteur que je ne saurais le faire… M. Émile Blémont excelle à décrire en poésie, ainsi qu’on faisait jadis, les tableaux de nos peintres, auxquels ses vers semblent rendre leurs mouvements et leurs couleurs ; signalons, avant de finir, une pièce charmante : « Le Volant », un élégant Watteau en quatrains. En résumé, un livre clair, intéressant et bien français dans toutes les acceptions du mot.