Gille, Valère (1867-1950)
[Bibliographie]
Le Château des merveilles (1893). — La Cithare (1898).
OPINIONS.
Albert Giraud
Un des plus jeunes poètes du Parnasse belge de 1887. Son livre, Le Château des merveilles, — une série de poèmes jolis et musqués comme le nom de leur auteur, — apparaît comme une guirlande de fleurs minuscules pour une jolie fête de Lilliput. Qu’on se figure les madrigaux d’un Petit Poucet très précoce, dédiant des vers écrits, à la loupe, sur le pétale d’une rose, à la petite fille de l’Ogre.
Thomas Braun
Il nous en rappelle l’histoire la légende et la mythologie, et ravive en nos âmes l’idée — est-elle juste ou fausse, je l’ignore ? — que nous nous faisons de l’Hellade depuis que la chantèrent Chénier, Heredia ou Marc Legrand.
C’est près de ce dernier que se range M. Gille. Il excelle également à nous décrire en quelques vers, ciselés comme la coupe dont ils interprètent les reliefs et transparents comme l’atmosphère dont ils disent la douceur, un bouclier aux incrustations champêtres, des coquillages, des figuiers mûrs, un paysage au crépuscule.
Marc Legrand
« Lorsque nous contemplons l’antiquité avec le désir sincère de la prendre
pour modèle, il nous semble que, dès ce moment seulement, nous comprenons notre
dignité. »
Ce mot de Goethe se vérifie à
lire le recueil que M. Valère
Gille vient de publier pour la grande joie des lettrés. La Cithare est une glorification du génie libre et créateur de l’Hellade
antique, soit que l’auteur célèbre Salamine,
… île aux beaux oliviers,Ô nourricière des colombes !
soit qu’il dessine en un sonnet, comme sur une stèle de marbre, la figure d’Euripide ou de Damœtas ; soit qu’il dépeigne Éros endormi,
Et la blanche Artémis qui passe au fond des bois.
Paul Laur
Je mets au défi tout cœur de vingt ans que la vie n’a pas encore racorni de lire la Cithare sans une émotion profonde. Et je sors de cette lecture tout parfumée d’antiquité, tout revivifié par l’audacieuse jeunesse du monde, moi qui en ai soixante.
Aube, sourire immense, ô jeunesse du monde !Je te salue, ô paix solennelle et profonde !
Valère Gille, à l’exemple
des grands poètes dont il est le fils et l’émule, débute en chaque morceau par
l’invocation grecque, courte et puissante, saisissante et lumineuse. Ses pièces
sont des tableaux délicats, fins, ambrés, pleins d’une lumière si pure, si
lumineuse, que la Grèce tout entière nous apparaît dans sa splendeur première,
telle que l’ont vue ses héros et ses poètes. Je ne puis résister au plaisir de
citer la dédicace que le poète de la Cithare
a placée en tête de son œuvre, avant que
je puisse m’occuper du Collier d’opales, incomparable florilège
de poèmes d’amour. Voici cette dédicace : « Aux poètes Iwan Gilkin et Albert Giraud, à mes chers amis,
en souvenir de notre campagne littéraire pour le triomphe de la tradition
française en Belgique. »
Voilà les sentiments qui se manifestent en pays
belge pour la tradition française, et qu’il est si doux de lire en première page
de beaux et bons livres écrits en pure et belle langue française.