Dujardin, Édouard (1861-1949)
[Bibliographie]
Les Hantises (1886). — À la gloire d’Antonia (1887). — Pour la Vierge du roc ardent (1888). — Les lauriers sont coupés (1888). — Antonia (1891). — La Comédie des amours (1891). — Réponse de la Bergère au Berger (1892). — Le Chevalier du passé (1892). — La Fin d’Antonia (1893). — Les lauriers sont coupés, avec trois poèmes et les Hantises (1898). — L’Initiation au péché et à l’amour (1898).
OPINIONS.
Paul Adam
À la représentation d’Antonia, les dames du balcon étaient bien les sœurs de ces misérables filles, rendues malades de rire, par la beauté d’un costume inhabituel. Mais sur celles-ci, celles-là l’emportaient en impéritie mentale. Instruites et averties par l’éducation, elles n’avaient pas l’excuse d’ignorance. En vérité, faut-il avoir l’âme humble d’une pauvre fille, vendeuse de bonheur, pour ne pas affirmer une prudente admiration devant des strophes aussi parfaitement, heureuses que celles-ci, prises dans la tragédie d’Édouard Dujardin :
Quelquefois, au hameau,Je descends où sont les réjouissances elle repos ;Je me rencontre à mes frères, à mes sœurs,Et puis chacun nous repartons vers les hauteurs.On dit que, loin des solitudes où nous sommes,Il est de grandes foules d’hommes,Des amas de pierres et de marbres,Des floraisons merveilleuses d’arbres, etc., etc.
Jean Thorel
M. Dujardin écrivit cette extraordinaire trilogie d’Antonia, où plus rien de réel ne subsiste, qui finit par une ode triomphale à l’Absolu et qui semblait donc faite à peine pour les austères et sublimes joies de la lecture solitaire.
Remy de Gourmont
La poésie comme la prose de M. Dujardin est toujours sage, prudente et calme ; s’il y a des écarts de langue, des essais de syntaxe un peu osés, la pensée est sûre, logique, raisonnable. Qu’on lise le deuxième intermède de Pour la Vierge du roc ardent, en quelques strophes aux rimes monotones, éteintes, le poète y dit toute la vie et tout le rêve de la jeune fille.
Tristan Klingsor
À vrai dire, il ne faudrait pas s’attendre à trouver en M. Dujardin un émule de Ponsard. Ses personnages n’existent qu’à l’état d’entités sentimentales ou symboliques ; ils s’appellent l’Amant, l’Amante, la Courtisane, la Mendiante ; ils ont si peu de réalité extérieure, qu’on ne sait à quelle époque les situer et quels costumes leur donner. Est-ce du théâtre ? Les personnages de M. Dujardin parlent par couplets. Ce sont tous d’admirables poètes. Les rimes se groupent au lieu de s’entrecroiser, et l’auteur tire, de ce procédé, des effets charmants. Le vers court, rapide, se brise, reprend ; c’est d’une technique qui tient le milieu entre la fantaisie de Banville pour la rime et de Gustave Kahn pour le rythme.