Châtillon, Auguste de (1808-1881)
[Bibliographie]
À la Grand’Pinte, poésies avec une préface de Th. Gautier (1860).
OPINIONS.
Théophile Gautier
M. de Châtillon, bonne fortune que lui envieront tous les poètes, a composé plus d’une de ces chansons qui semblent faites par tout le monde et n’avoir jamais eu d’auteur, telles qu’en inventent les carriers en tournant leur grande roue rouge, les charretiers au tintement des grelots de leur long attelage, les compagnons en brandissant leur canne enrubannée sur le chemin du tour de France, les villageois en versant leur botte pleine de raisin dans la cuve de la vendange, la jeune fille en tirant son aiguille près de la fenêtre que l’hirondelle libre vient agacer de son aile. Son Auberge de la Grand’Pinte, entre autres, vaut, par ses tons roux, sa chaude couleur enfumée, un cabaret d’Ostade.
Charles Asselineau
M. Auguste de Châtillon n’est pas un régulier dans l’armée des poètes. Il y est entré presque sans s’en douter, comme ces braves et subtils enfants des campagnes qui quittent leur besogne et jettent leurs outils pour aller babiller et partager leur pitance avec les soldats d’un régiment en marche, emboîtant le pas tout naturellement. De tels engagements paraissaient tout simples il y a trente ans, lorsque le commun et ardent amour de l’art faisait fraterniser entre eux les artistes de toutes armes, de la plume, du pinceau, de l’ébauchoir et du piano. M. de Châtillon a été l’un des vaillants de ce temps-là. M. de Châtillon aura mérité d’être et de rester un vrai poète populaire.
Jules Barbey d’Aurevilly
Nous aimons à louer, avec ferveur et sympathie, un talent très réel, très ému, très naturel et aussi très cultivé, mais il faut bien reconnaître que M. de Châtillon, triple artiste, peintre, sculpteur et poète, qui n’est pas un jeune homme sans expérience, et dont le début pour le public n’est pas un début pour la muse, n’a pas su préserver un talent d’une inexprimable délicatesse, des épaisseurs et des grossièretés de l’art de son temps.
Jules Claretie
C’est maintenant sur nos cheveuxQu’il neige, neige !
On ne le connaît plus guère, aujourd’hui, le poète qui chantait ainsi, voilà quarante ans, la chanson de la neige. C’est Auguste de Châtillon, qui s’éprit des moulins de Montmartre, des lilas de Montmorency et des canots du lac d’Enghien, comme ce pauvre Paul Arène des oliviers, des mûriers, des routes blanches, des cigales et du soleil de son pays. Châtillon, que mépriseraient les nouveaux, n’est plus connu que par son ironique Levrette en paletot d’une gaîté stridente, et comme féroce sous son rire.