Valéry, Paul (1871-1945)
[Bibliographie]
Introduction à la méthode de Léonard de Vinci (1895). — Poèmes (dans les Jeunes Revues, de 1891 à 1897).
OPINIONS.
Paul Souchon
M. Paul Valéry est le représentant d’un art d’exception, d’une poésie restreinte à une élite et à l’expression de beautés mystérieuses… M. Valéry est le joaillier des princes. Sa poésie restera comme un beau danger, attirant et souvent fatal. On n’isole pas impunément de la vie l’essence de toute beauté… Nous rêvons, je crois, d’un autre art, plus large, plus humain, avec des libres correspondances dans la nature et dans l’homme. La poésie doit nous exprimer tout entiers : passions, douleurs et joies mêlées, aspirations, désirs, actions, confondus, dans les limites que lui marque le goût, faculté qui préside au choix, l’acte esthétique par excellence… M. Valéry fut doué d’un goût trop étroit qui, naturellement, l’éloigna de la poésie même. De tous ces vers répandus avec détachement dans diverses Revues, il se dégage un charme spécial et une originalité évidente. Le charme est bref, l’originalité précieuse et cherchée ; mais ces qualités sont si rares chez les poètes qui entourent le trône de lassitude où de Mallarmé rêve du Symbolisme !
Paul Léautaud
M. Paul-Ambroise Valéry, qui est né à Cette (Hérault) le 30 octobre 1871, jusqu’ici n’a guère écrit que pour ses amis et dans des Revues fermées, comme La Conque, de M. Pierre Louÿs, et Le Centaure, dont il fut l’un des fondateurs. La plupart des poèmes qu’on va lire et que leur auteur maintenant considère comme des plaisirs depuis longtemps décolorés, furent composés de 1889 à 1895 et parurent dans les diverses Revues dont on trouvera plus bas la nomenclature. Depuis, M. Paul Valéry a plutôt peu écrit. C’est à peine si de temps à autre, dans le Mercure de France, on voit son nom au bas d’études dont le titre « Méthodes » est significatif des abstractions et spéculations mathématiques où s’est jeté son esprit. M. Paul Valéry, en effet, s’adonne depuis quelques années à des recherches extra-littéraires et qu’il est malaisé de définir, car elles semblent se fonder sur une confusion préméditée des méthodes des sciences exactes et des instincts artistiques. Mais ces recherches n’ont encore fait l’objet d’aucune publication de la part de leur auteur, et seules les méthodes données au Mercure de France par M. Paul Valéry demeurent pour renseigner sur ses intentions d’écrivain.