Rambosson, Yvanhoé (1872-1943)
[Bibliographie]
Le Verger doré (1896). — Jules Valadon, critique (1897). — La Fin de la vie, critique (1897). — La Forêt magique, poème (1898). — Actes (1899).
OPINION.
Stuart Merrill
Le vers de M. Rambosson est très personnel ; je crois même qu’il a trouvé une nouvelle forme musicale du verbe. Il aime à conglomérer des vers d’égale quantité, qui marquent le rythme fondamental, puis, à en rompre soudain l’harmonie par des crescendo ou des decrescendo inquiétants, à tromper l’oreille, délicieuse torture, par la continuelle surprise de notes inattendues et inappariées. M. Rambosson ne néglige jamais la rime, motivée comme point de repère, et multiplie, tour à tour tonnantes ou murmurantes, terribles ou cajoleuses, les assonances et les allitérations. Une citation ne peut suffire à donner un exemple de cette manière, non plus qu’un fragment de symphonie ne révèle l’intention d’un musicien…
Jusqu’ici, j’ai beaucoup plus parlé de la forme que du fond du livre de M. Rambosson. À vrai dire, le Verger doré n’est pas une œuvre composée en vue d’une fin
logique, mais ce que M. Mallarmé appelle si gracieusement un florilège. Un avant-propos
nous en avertit : « Le manque de continuité dans la facture du présent
volume ne paraît point s’expliquer. Or, les poèmes du Verger
doré furent écrits à des dates diverses ; quelques-uns, lorsque l’auteur
était dans sa quinzième année.
. Je regrette que M. Rambosson n’ait pas cru
devoir nous présenter ses poèmes dans l’apparente incohérence de leur
chronologie ; il a préféré les motiver par des sous-titres qualificatifs : Dans le Bruit du Vent ; Ritournelles de More, d’Âme
d’Orgueil, d’Âme légendaire, etc.
Cependant il est permis de saisir l’âme de M. Rambosson par ce qu’elle a de spécial, par le frisson nouveau dont elle nous émeut. Or, elle me semble se distinguer par un double sens de la guerre et du mystère ; elle est splendidement combative et délicieusement peureuse ; elle se rue sans crainte à la bataille et tremble au murmure d’une feuille au vent.