Saint-Foix, [Germain-François Poullain de] né à Rennes en 1703, mort à Paris en 1776 ; ingénieux Ecrivain, dont le coloris vif & délicat a su embellir tous les Sujets qu'il a traités. Ses Lettres Turques sont piquantes, même après les Lettres Persanes, auxquelles on les a jointes dans plusieurs éditions. Les Essais historiques sur Paris offrent un tableau varié des Mœurs Françoises, depuis Clovis jusqu'à Henri IV. Mille traits singuliers présentés avec adresse, y flattent la curiosité & saisissent l'esprit du Lecteur. Les réflexions en sont naturelles & quelquefois neuves ; & si la critique n'en est pas toujours exacte, le style en est continuement agréable.
M. de Saint-Foix s'est procuré une gloire supérieure peut-être, dans un autre genre, par des Pieces de Théatre d'un caractere inconnu jusqu'à lui, & qui n'ont point été imitées. Si les Tragédies répondent à nos Romans héroïques, les Comédies, comme celles du Tartuffe & de l'Avare, à nos Romans d'intrigue & de caractere ; les Pieces de M. de Saint-Foix sont propres à nous retracer l'idée de ces jolis Contes de Fées, qui, sous d'agréables images, représentent dans le lointain la peinture de nos mœurs. Sa petite Comédie des Graces semble avoir été faite pour elles & par elles, de même que celle de l'Oracle paroît avoir été dictée par celui du bon goût. La Comédie-Ballet qui a pour titre les Hommes, est tout à la fois le fruit du courage & de l'adresse. Jamais on n'attaqua plus finement & avec plus de force, des vices consacrés par le pouvoir & la grandeur, & respectés par la flatterie & la fausse Philosophie. Le Sylphe est encore une des plus agréables Productions du même Auteur, qui, de vingt Pieces jouées sur nos Théatres, n'en a pas une qui n'ait été applaudie, & ne mérite de l'être par les Esprits judicieux & délicats.