Sainte Palaye, [Jean-Baptiste. de la Curne de] de l’Académie Françoise, de celle des Inscriptions, de Nancy, de Dijon, &c. né à Auxerre en 1697, mort à Paris en 1781.
Cet Académicien estimable s’est attaché à une partie de notre Littérature, aussi intéressante qu’utile : l’Histoire du bon vieux temps de notre Monarchie, a décide son goût & fixé ses études. Rien de plus détaillé, de plus instructif & de mieux présenté, que ses Mémoires sur l’ancienne Chevalerie. Toute ame Françoise ne peut y voir qu’avec le plus grand intérêt, le touchant tableau des mœurs, des usages, de la bravoure, de la pieuse & noble simplicité de ces anciens Chevaliers, qui furent la gloire de la Nation, par leurs faits d’armes, comme ils en firent long-temps l’amusement & les délices par leurs Tournois.
Cet Ouvrage semble avoir fait naître à M. d’Arnaud le louable désir de ressusciter parmi nous les heureuses étincelles de cet enthousiasme d’honneur qui produisit tant de Héros & tant de Sages, dans des Siecles si amérement taxés d’ignorance & de barbarie. Une de ses dernieres Nouvelles [Sargines] seroit capable de produire cet effet, par l’adresse, la sensibilité, & le pathétique avec lequel elle est écrite. Un tel projet n’est-il pas plus digne d’un bon Citoyen, plus utile à la Patrie, plus glorieux aux vrais talens, que celui d’empoisonner la Nation par des travers philosophiques qui la dégradent, & de substituer à l’élévation, à la franchise, à la générosité, à la gaieté, qui firent toujours l’ame du génie François, des vapeurs mélancoliques, la folle manie du raisonnement, l’esprit d’indépendance, le persiflage, & l’inertie ?