(1763) Salon de 1763 « Sculptures et gravures — Vassé »
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(1763) Salon de 1763 « Sculptures et gravures — Vassé »

Vassé

Cette Femme couchée sur un socle, et la tête penchée sur une urne qu’elle couvre de sa draperie, et qu’elle arrose de ses pleurs est une belle chose. Girardon n’a pas mieux fait au tombeau du cardinal de Richelieu. Sa douleur est profonde. On s’attendrit en la regardant. Que ce visage est attristé ! La sérénité n’y reparaîtra de longtemps. Toute la position est simple et vraie. Les bras bien placés. La draperie belle. La partie supérieure du corps penchée avec grâce. Point de gêne. Point de contorsion. Il semble qu’à sa place, on ne prendrait point une autre attitude. Pour bien juger d’une statue, c’est une règle assez sûre que de se mettre à sa place. Pour bien juger de l’ajustement d’un homme ou d’une femme, c’est aussi une règle assez sûre que de les transporter sur la toile.

Je vous ai invité d’aller voir les deux tableaux du Martyre de saint Gervais et de saint Protais peints par Le Sueur. Il y a dans la même église un tombeau exécuté par Girardon ; c’est, je crois, celui du chancelier Seguier. Ne manquez pas d’y regarder une Piété qui s’attendrit et se console à la vue d’un Christ qu’elle tient entre ses mains. Que le temps qui a noirci cette figure, ne vous en dérobe pas la perfection. Voyez son attitude, son expression, sa draperie, ses chairs, ses pieds, ses mains. Comparez l’ouvrage de Vassé avec celui-là. Je sais par expérience que ces sortes de comparaisons avancent infiniment dans la connaissance de l’art.