(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 433-434
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 433-434

Vigne, [Anne de la] de l'Académie des Ricovrati de Padoue, née à Vernon, en Normandie, morte en 1684.

Ses talens singuliers pour la Poésie auroient pu être perfectionnés par le temps, si la mort ne l'eût enlevée aux Muses à la fleur de son âge. Ce qui nous reste de ses Ouvrages, est très-propre à faire regretter ceux qu'elle auroit pu composer. La vivacité de son esprit & la force de son imagination rendoient son style pittoresque. Un seul trait lui suffisoit pour peindre une action ; cette belle Strophe, sur le passage du Rhin, en est la preuve.

Mais à sa valeur extrême
Le Rhin semble s'opposer,
Le Rhin, où César lui-même
N'osa jamais s'exposer.
Le Roi parle : à sa parole,
Plus vîte qu'un trait ne vole,
On voit nager nos Guerriers,
Et leur ardeur est vive,
Que déjà sur l'autre rive
Ils ont cueilli les lauriers.

Nous ne pouvons nous refuser au plaisir de citer les Vers qu'elle fit pour répondre aux sollicitations d'un homme aimable & plein d'esprit, qui l'aimoit, & qui la pressoit de le payer d'un tendre retour.

Vaine beauté que voulez-vous de moi ?
Quels sont vos droits, Tircis, pour engager ma foi ?
Ah ! sur mon cœur cessez de rien prétendre ;
Cessez de le faire souffrir :
Le Ciel ne l'a pas fait si sensible & si tendre
Pour aimer ce qui doit périr.