(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 140-141
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 140-141

Amyot, [Jacques] fils d’un Boucher de Melun, où il naquit en 1513, mort en 1593.

Tant qu’un style simple & naïf aura de quoi plaire, ses Ouvrages seront lus avec plaisir par ceux qui aiment à retrouver les traces de l’ancienne aménité Françoise. Sa Traduction des Grands Hommes de Plutarque, est un vrai chef-d’œuvre pour le temps où elle a paru. Elle mérite encore plus nos éloges par un style piquant & familier, qui semble donner un nouveau coloris aux Héros qu’il peint, & qui, sans affoiblir leur caractere ni changer la physionomie, les naturalise en quelque façon parmi nous.

François I lui donna l’Abbaye de Bellosane, pour lui témoigner le plaisir qu’il avoit senti en lisant sa Traduction de l’Histoire Ethiopique d’Héliodore, plus connue sous le titre d’Histoire des Amours de Théagene & de Chariclée. Le Monarque fut en cela aussi connoisseur, que juste & libéral. Amyot fut fait ensuite Evêque d’Auxerre, puis grand Aumônier de France, & enfin décoré de l’Ordre du S. Esprit.

Nous avons rappelé l’obscurité de sa naissance, parce qu’on aime à voir les Lettres honorées par des récompenses aussi considérables, quand les Littérateurs s’en rendent dignes par leurs mœurs & le bon usage de leurs talens. La gloire qui en résulte est préférable à la triste célébrité qu’on acquiert par de grands talens, & qu’on obscurcit par de grands abus.