Casanove
Ah, Monsieur Casanove, qu’est devenu votre talent ? Votre touche n’est plus fière comme elle était ; votre coloris est moins vigoureux ; votre dessin est devenu tout à fait incorrect. Combien vous avez perdu, depuis que le jeune Loutherbourg vous a quitté !
Oui il y a toujours du mouvement dans cette Bataille. Voilà bien vos chevaux, je les reconnais ; ces hommes blessés, morts ou mourants ; ce tumulte, ce feu, cette obscurité, toutes ces scènes militaires et terribles sont de vous. Ce soldat s’élance bien. Celui-là frappe à merveille. Cet autre tombe, on ne peut mieux. Mais cela n’est plus hors de la toile ; la chaleur de pinceau s’est évanouie.
On dit que Casanove tenait depuis cinq à six ans renfermé dans une maison de campagne, un jeune peintre appelé Loutherbourg qui finissait ses tableaux, et peu s’en faut que la chose ne soit démontrée.
Les tableaux que Casanove a exposés dans ce Salon, sont fort inférieurs à ceux du Salon précédent. Le pouce de Loutherbourg y manque ; je veux dire cette manière de faire longue, pénible, forte et hardie qui consiste à placer des épaisseurs de couleurs sur d’autres qui semblent percer à travers, et qui leur servaient comme de réserves.