(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 207
/ 3404
(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 207

Baron, [Michel] né à Paris en 1652, mort dans la même ville en 1729, Comédien célebre, qui a fixé parmi nous le vrai ton de la déclamation.

Il joignit à ce talent celui de la Poésie ; cependant sa réputation poétique n’est pas aussi glorieuse que celle qu’il s’est acquise comme Acteur. On l’a comparé à Roscius pour le naturel & la noblesse de son jeu, car il faut toujours des comparaisons ; mais personne n’a songé à le mettre à côté de Plaute ni de Térence, pour les Comédies qu’il a faites. Baron n’avoit ni la force comique de l’un, ni l’élégance de l’autre ; malgré cela, la Coquette, l’Homme à bonne fortune, & l’Andrienne, sont restés au Théatre, où le Public n’est pas fâché de les voir reparoître de temps en temps ; avantage que n’ont pas eu bien des Poëtes comiques qui l’ont précédé, & que n’auront certainement pas la plupart de ses successeurs. Cet homme étoit si enivré de l’excellence de son art (de Comédien), qu’il ne craignoit pas de dire, qu’il falloit qu’un Acteur fût élevé sur les genoux des Reines ; extravagance que ses confreres ne répetent point, mais que la sottise publique semble autoriser par la maniere dont elle les idolâtre.