Cochin
Vous avez raison, ce dessin au crayon rouge représentant Lycurgue blessé dans une sédition, mérite d’être regardé : le passage subit de la fureur à la commisération dans cette populace effrénée qui le poursuit est bien rendu. Il y a une diversité étonnante d’attitudes, de visages et de caractères. Cela me semble de grand goût. C’est un magnifique tableau dans un petit espace. Mais le Licurgue est manqué ; c’est une figure campée, une jambe en avant et l’autre en arrière. Cette action de montrer du doigt son œil crevé, fût-elle de l’histoire, n’en serait ni moins petite ni moins puérile. Un homme comme Lycurgue, qui sait se posséder dans un pareil instant, s’arrête tout court, laisse tomber ses bras, a les deux jambes parallèles, et se laisse voir plutôt qu’il ne se montre. Toute action plus marquée serait fausse et mesquine. Je suis fâché de ce défaut qui gâte un très beau dessin. Si je rencontre Cochin, la vérité m’échappera, et il saura ce que je pense.