Saint-Symphorien, [Jean-Louis. de Galtier de] Avocat au Parlement de Paris, né à S. Pons en Languedoc, en 1725.
Il a su imprimer aux Productions Romanesques, auxquelles il s’est attaché, un caractere de décence & d’utilité qui rend les siennes dignes de tous les genres de Lecteurs. Ses Romans▶ en effet n’ont point pour le but d’occuper l’oisiveté, de repaître l’imagination, encore moins celui d’égarer l’esprit & de corrompre les mœurs. Ils paroissent composés dans le dessein d’inculquer la morale, d’attacher à la vertu. Les agrémens de la fiction n’y sont employés que pour parvenir à ces deux objets. La Lecture des Confessions de Mademoiselle de Mainville. en sera la preuve. L’intérêt des situations, la solidité des maximes, la vivacité des tableaux, tendent sans interruption à faire aimer l’innocence & à inspirer l’horreur du vice. Un peu plus de noblesse & moins de prolixité dans le langage, rendroient ce ◀Roman▶ irréprochable aux yeux de la critique, comme il l’est aux yeux des mœurs & de la raison. Il avoit été précédé par un autre qui a pour titre, les Céramiques ou les Aventures de Nicias & d’Antiope. Ce dernier allie le plus souvent les richesses de la Poésie aux agrémens de la Prose ; mais trop de descriptions & trop de détails inutiles en rendent la marche traînante & le style quelquefois pesant. A ces défauts près, ce que l’esprit a de plus ingénieux, le sentiment de vif & de touchant, la Morale de sage & de solide, la Langue de pittoresque & d’harmonieux, se trouve rassemblé dans cet Ouvrage, qui suppose d’ailleurs la connoissance de la Religion, des usages, des loix & de l’histoire des anciens Grecs. De telles Productions seront toujours distinguées, avec les éloges qu’elles méritent, de la multitude assommante de nos ◀Romans bizarres, frénétiques, & sans dessein ; parce qu’elles prouvent qu’avec le talent d’écrire, leurs Auteurs ont du savoir & des lumieres qu’on ne peut acquérir qu’avec beaucoup d’étude & de réflexion.