2. PETIT, [Louis] ancien Receveur général des Domaines & Bois du Roi, mort à Rouen, sa patrie, en 1693, âgé d’environ 79 ans ; Poëte François, très-différent du précédent, & que M. Titon du Tillet, M. l’Abbé Ladvocat, & quelques autres, ont confondu avec lui.
Celui-ci étoit ami de Corneille, dont il fit imprimer les Pieces de Théatre à Rouen. Il étoit aussi un des plus assidus de ceux qui fréquentoient l’Hôtel de Rambouillet. Les Ducs de Montausier & de S. Agnan faisoient grand cas de son mérite, ainsi que le P. Commire, qui rendit hommage à ses talens, en lui adressant un de ses Poëmes, intitulé, Cicures Lusciniæ totâ hyeme decantantes. Ses Poésies, qu’on ne lit plus, consistent en des Satires, dont le sujet est moral & critique ; en plusieurs Epigrammes, Madrigaux, Stances, Ballades, parmi lesquelles on trouve plusieurs Pieces d’un très-bon goût, si on fait grace à quelques expressions surannées. Son talent paroît sur-tout décidé pour les Ouvrages de sentiment. Le naturel, la delicatesse, la naïveté, rendent▶ ces Petites Pieces intéressantes, comme on peut en juger par cette Ballade, bien éloignée de la fadeur du Bel-Esprit de nos Poëtes doucereux.
ENVOI.
Fils de Cypris, plus malin qu’une Pie,A consoler Robin l’on perd ses pas :Toinette seule, avec ses doux appas,Peut le tirer de sa mélancolie :C’est grand pitié d’estre loin de s’Amie.
Ceux qui se sont occupés à compiler des Vers médiocres ou frivoles, sous le titre d’Elite de Poesie, du plus joli des Recueils, du Porte-feuille d’un Homme de Goût, compilations qui toutes démentent leurs titres, auroient dû s’attacher à faire revivre ces premiers fruits de notre bonne Littérature. Par-là, ils auroient ◀rendu un véritable service aux Lettres & aux Auteurs ignorés, qui valent quelquefois mieux que bien des Auteurs connus.