MABILLON, [Jean] Bénédictin, né dans le Diocese de Reims, en 1632, mort à Paris en 1707 ; Savant, dont les Ouvrages sont immenses & très-utiles pour la plupart. Ils ont presque tous pour objet, des matieres de Religion ou d’Histoire ecclésiastique. On s’attend bien qu’il ne faut pas y chercher le feu de l’imagination & l’agrément du style, comme dans des Productions purement littéraires. Le P. Mabillon s’est borné à la clarté, à la méthode ; qualités estimables, mais le plus souvent déparées par trop de simplicité, & quelquefois par une excessive diffusion. Cette remarque ne nous portera point à contredire M. du Pin, qui s’exprime ainsi au sujet de ce Savant : Il seroit difficile de louer ce Religieux▶, comme il le mérite ; la voix du Public & l’estime générale de tous les Savans font son éloge beaucoup mieux que tout ce que nous pourrions en dire.
Il eut plusieurs démêlés, & entre autres, avec le fameux Abbé de Rancé, qui condamnoit les études monastiques, & réduisoit les Moines à la simple connoissance de la Religion. Ce Bénédictin entreprit de répondre au Réformateur de la Trappe ; & ses Réponses furent, d’après son caractere, douces, honnêtes, modestes, & nous croyons pouvoir ajouter décisives. En effet, il paroît, par elles & par la raison même, que son adversaire confondoit trop la vie des Solitaires avec celle des ◀Religieux. Quand la science est animée par l’esprit de Religion, bien loin de nuire aux vertus du cloître, elle ne peut que les rendre plus éclairées, plus solides, & plus respectables : l’Abbé de la Trappe en étoit un exemple lui-même.
Après la mort du P. Mabillon, le Cardinal Collorédo écrivit aux Bénédictins de Paris, par ordre de Clément XI, qu’ils feroient plaisir à sa Sainteté d’inhumer cet Homme illustre dans le lieu le plus distingué de leur Couvent, parce que tous les Savans de l’Europe ne manqueroient pas de leur demander : Ubi posuistis eum ?