Saumaise, [Claude de] né à Semur, en Auxois, en 1588, mort à Spa en 1653.
Ce nom est consacré depuis longtemps pour donner l'idée d'un insipide
Auteur. Ce n'est pas que Saumaise n'eût des talens,
mais il a trop écrit, & par cette raison▶ trop mal écrit, pour que
les défauts de ses Ouvrages méritent quelque indulgence, en faveur des
bonnes choses qu'on peut y rencontrer. Cet Auteur, devenu Protestant, de
Catholique qu'il étoit, se laissa dominer par un orgueil farouche,
toujours prêt à s'aigrir à la moindre contradiction. Dès qu'on n'étoit
pas de son avis sur quelque point de Littérature ou de Religion,
aussi-tôt on étoit sûr d'être traité d'ignorant, de
bête, de fripon. C'est
vraisemblablement dans cet Ecrivain attrabilaire, que M. de Voltaire, entre autres choses, a puisé les Epithetes
honorables qu'il prodiguoit à tous ceux qui osoient contredire ses
décisions. Quoi qu'il en soit, Saumaise rencontra dans
le P. Peteau un homme qui sut lui rendre injures pour
injures, en les accompagnant toutefois de meilleurs ◀raisons. Cette
maniere de disputer pouvoit être excusable
dans un temps où l'on n'avoit pas encore dit : « Il est
bien cruel, bien honteux pour l'Esprit humain, que la Littérature
soit infectée de ces haines personnelles, de ces cabales, de ces
intrigues, qui devroient être le partage des esclaves de la fortune.
Que gagnent les Auteurs en se déchirant cruellement ? Ils
avilissent une possession qu'il ne tient qu'à eux de rendre
respectable. Faut-il que l'art de penser, le plus beau partage des
Hommes, devienne une source de ridicule, & que les Gens
d'esprit, rendus souvent, par leurs querelles, le jouet des sots,
soient les bouffons du Public, dont ils devroient être les Maîtres
» ? Préface d'Alzire.