PRINCE DE BEAUMONT, [N. Madame le] née à Rouen en 1711.
De petits Ouvrages & de très-grands succès, telle a été la destinée de cette femme estimable, dont les travaux méritent autant d’éloges que de reconnoissance. On a traduit dans presque toute l’Europe la plus grande partie de ses Livres, parce que l’utilité est le plus puissant ressort pour réunir tous les suffrages. Madame le Prince de Beaumont y a d’autant plus de droit, que, sans aucune prétention, elle offre à la Jeunesse de quoi s’instruire, s’amuser, & se former. Ses diverses Magasins sont des sources fécondes d’où la Religion, l’Histoire, la Morale, les premiers élémens des Sciences, coulent comme d’eux-mêmes, & s’insinuent sans effort dans l’esprit & dans le cœur des jeunes personnes les moins attentives & les plus dissipées. Elle a surtout l’art de placer l’érudition commune à propos, & de mettre en action, dans des Fables ou des Historiettes, des principes clairs & de sages leçons.
On ne sauroit trop applaudir à des motifs si propres à faire rougir nos prétendus grands Ecrivains, qui ont si indignement sacrifié la Religion & les mœurs au désir de se faire un nom. Il y aura toujours une très-grande différence entre les honneurs décernés par une Postérité sage aux plumes vertueuses consacrées à l’amour du bien général, sur-tout dans une partie aussi essentielle que l’éducation de la Jeunesse, & l’atroce célébrité de tant de Productions funestes, que le vain appareil du talent ne sera jamais capable de sauver de l’indignation des Siecles moins corrompus que le nôtre.
Outre le Magasin des Enfans, ceux des Adolescentes, des Pauvres, Madame le Prince de Beaumont a donné encore d’autres Ouvrages, comme les Lettres de Madame du Montier, les Principes de l’Histoiré Sainte, une Instruction pour les jeunes Dames qui entrent dans le monde & se marient, les Mémoires de Madame la Baronne de Batteville, &c. Productions toujours marquées au même coin de raison, de lumiere, & d’utilité.