(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 156-157
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 156-157

LONGUEVAL, [Jacques] Jésuite, né près de Péronne en 1680, mort à Paris en 1735.

Aucun de nos Ecrivains ne paroît avoir eu plus de talent pour l’Histoire, & sur-tout pour l’Histoire Ecclésiastique, où les discussions doivent être fondues avec adresse dans le corps du récit. Les huit premiers volumes de l’Histoire de l’Eglise Gallicane, & même le neuvieme & le dixieme, quoiqu’ils ne soient pas tout-à-fait de lui, peuvent servir à confirmer cet éloge. L’intérêt & l’utilité y fixent tour-à-tour l’esprit du Lecteur, que l’Historien fait captiver par un mélange de méthode, de clarté, de critique, d’élégance. Tous les objets sont présentés sous un jour qui aide autant le jugement que la mémoire. On aime à y voir les événemens racontés sans enthousiasme, & développés avec impartialité. Les Discours préliminaires montrent sur-tout l’homme instruit & laborieux, dont l’érudition n’obscurcit point le discernement ; l’Ecrivain aussi ingénieux que sage, qui sait animer les sujets les plus arides, & nous offrir les débris de l’antiquité, dégagés de la rouille du temps, & embellis par l’habileté de son pinceau : par-dessus tout, on est touché du ton de respect avec lequel sa plume en traite les différentes matieres ; sentiment qui prouve autant en faveur de la piété de l’Auteur, que de ses lumieres.

C’est dans de tels Ecrivains qu’il faut apprendre à juger sainement de la Religion & de ses dogmes. On y puise des lumieres propres à éclairer l’ignorance, & des sentimens capables de respecter la vertu ; double mérite dont nos Auteurs philosophes sont bien éloignés.

Ceux qui ont désapprouvé les louanges que nous donnons à cette Histoire, ne la connoissent pas sans doute, ou s’en sont rapportés, pour son mérite, à des jugemens légers ou partiaux. Qu’ils la lisent attentivement, ils seront bientôt de notre avis ; & s’ils redoutent la peine de la lire, qu’ils n’en jugent du moins que d’après les Connoisseurs désintéressés, & nous serons également d’accord.