GAILLARD, [Gabriel-Henri] Avocat au Parlement, de l’Académie Françoise & de celle des Inscriptions, né à Soissons en 17.., Littérateur moins célebre que plusieurs de ses Confreres de l’Académie, quoiqu’il leur soit supérieur, à bien des égards, par ses talens & le mérite de quelques-uns de ses Ouvrages, ce qui ne suppose pas qu’ils soient excellens. Il a cultivé différentes branches de la Littérature ; & ses Productions, soit didactiques, soit historiques, soit morales, annoncent en général l’homme instruit, l’observateur éclairé qui connoît les hommes, & sait peindre les vices & les vertus avec les couleurs qui leur sont propres ; mais trop de diffusion, quelquefois de la sécheresse, & assez souvent un ton peu naturel, défigurent son style, & l’excluent du nombre des bons Ecrivains. Ses Mélanges littéraires, & son Histoire de François I, l’emportent sur ses autres Productions, parce qu’il y a pris plus de soin d’éviter les fautes que nous venons de lui reprocher. Nous ne parlons point de sa Rhétorique des Demoiselles, ni de sa Poétique à l’usage des Dames : ces Ouvrages sont d’une médiocrité qui humilie sa plume. Quant à ses petites Poésies, elles seroient plus piquantes, si les apostrophes & les exclamations n’y étoient pas trop répétées, si le style en étoit aussi doux & aussi moëlleux, que la versification en est vive & serrée.
L’Histoire de la Rivalité de la France & de l’Angleterre, que cet Auteur a publiée depuis la derniere Edition de notre Ouvrage, ne prouve pas qu’il ait perfectionné sa maniere d’écrire. Outre que le plan en est défectueux & la marche de l’Histoire trop lente, trop méthodique, le style en est communément sec & monotone.
On dit que M. Gaillard est chargé de la partie Littéraire du Journal des Savans ; ce qui est certain, c’est que, depuis quelques années, depuis sur-tout que la Philosophie cherche à s’emparer des Tribunaux littéraires, ce Journal est devenu, comme la plupart des autres, un dépôt d’encens pour les Philosophes du jour, ou de critiques injustes à l’égard de ceux qui ne le sont pas.