5. Brun de Granville, [Jean-Etienne le] né à Paris, mort en 1765, âgé de 27 ans.
Ses Ouvrages, soit en Prose, soit en Vers, étoient morts avant lui. Ils consistent tous, à une Epitre près, sur les progrès & la décadence de la Poésie (où ce dernier période est prouvé par son exemple), dans des satires & des libelles contre plusieurs Auteurs, & sur-tout contre celui de l’Année Littéraire. Il y a apparence que ce M. le Brun de Granville fut, pendant sa vie, un des aboyeurs secondaires de la Philosophie. Il est malheureux pour lui & pour elle, qu’on n’ait conservé que le titre de ses Productions, qui sont la Renommée Littéraire, la Wasprie, l’Ane Littéraire, & d’autres allusions de ce goût, devenues des cris de guerre dans le plaisant Monde philosophique.
Si l’on en croit cependant plusieurs Littérateurs qui l’ont connu, il avoit beaucoup d’esprit, une érudition vaste, & de la facilité pour écrire. On voit en effet, par quelques extraits de sa Renommée Littéraire, qu’il ne tenoit qu’à lui de mériter une place plus honnête dans la République des Lettres. Cette espece de Journal offre quelques Analyses faites avec beaucoup de goût & de précision : telle est celle où il rend compte de la Poétique de M. Marmontel, dont il releve assez ingénieusement les inepties. Qu’avoit-il besoin, après cela, de tenir toujours la lance en arrêt contre MM. Fréron, d’Arnaud, Colardeau, &c. & de se livrer à des sarcasmes, qu’une trop grande affectation rend insipides & fatigans. La plaisanterie doit naître de la critique, mais la critique ne doit jamais paroître faite dans l’intention d’amener la plaisanterie.