(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 369-370
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 369-370

2. Boyer, [Abel] né à Castres en 1664, mort en Angleterre en 1729.

Les Littérateurs passionnés pour la langue Angloise lui ont de grandes obligations. Sa Grammaire & son Dictionnaire Anglois-François, François-Anglois, sont très-utiles & très-estimés. Si ces deux Ouvrages n’avoient servi qu’à faire passer dans notre langue les sages maximes & les beautés des Ecrivains Anglois, Abel Boyer auroit de plus grands droits aux éloges du Public reconnoissant ; mais la connoissance de la langue Angloise nous a attiré le débordement de tant d’extravagances, que les Esprits sages sont peu tentés d’applaudir à ses travaux, ou, pour mieux dire, il y eût vraisemblablement renoncé, pour peu qu’il eût prévu les mauvais services qu’il alloit rendre à sa Patrie. En effet, la lecture des productions Angloises n’a guere servi qu’à introduire parmi nous des bizarreries & des maximes, qui, n’étant analogues ni au caractere ni au Gouvernement de la Nation, n’ont produit que de très-pitoyables effets, comme l’expérience le prouve tous les jours.

L’Anglomanie a passé de nos Livres dans nos mœurs, & y a causé les mêmes ravages ; en sorte qu’on peut dire que ceux qui ont cru nous enrichir par des productions étrangeres, ne nous ont procuré que des maux étrangers. Timeo Danaos & dona ferentes.

Les autres Ouvrages d’Abel Boyer concernent l’Histoire, & sont plus estimables par les Pieces curieuses qu’il a recueillies, que par le mérite littéraire, qui est très-médiocre.