(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 147
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 147

Anseaume, [N.] Souffleur, Secrétaire, Répétiteur, & Poëte de la Comédie Italienne, né à Paris en 17..

Nous ne parlerons pas de ses talens sous les trois premiers titres ; nous ne les connoissons pas. Pour ceux qui l’annoncent en qualité de Poëte, on ne peut se dispenser de les mettre au rang des plus médiocres. Il a composé une infinité de Pieces pour le Théatre de son département, qui forment trois gros volumes. Quatre ou cinq de ces Pieces ont réussi. Il seroit aisé d’expliquer la cause de leur succès, en l’attribuant aux agrémens de la Musique, d’une part, & de l’autre, à la fureur qu’on a depuis quelque temps pour ce genre de spectacle. Les chef-d’œuvres de M. Anseaume sont, l’Isle des Foux, le Peintre amoureux de son modele, la Clochette, les Chasseurs & la Laitiere. On peut & on doit oublier Mazet, qui est un recueil d’indécences & d’équivoques grossieres. Le goût du Public qui accueille si bénignement de semblables miseres, n’est-il pas propre à opérer la dégradation des Arts, après avoir prouvé celle des mœurs ? Ce qui nous rappelle ces vers d’un Poëte Espagnol, assez mal traduits par M. de Voltaire.

L’abus regne, l’art tombe, & la raison s’enfuit.
Qui veut écrire avec décence,
Avec art, avec goût, n’en recueille aucun fruit ;
Il vit dans le mépris, & meurt dans l’indigence.