Mgr Rudesindo Salvado
Mémoires historiques sur l’Australie, par Mgr Rudesindo Salvado, religieux bénédictin, évêque de Port-Victoria, traduits de l’italien en français, avec des notes et une histoire de la découverte de l’or, par l’abbé Falcimagne.
Voici un livre plus haut que toutes les littératures ! Ni poème inédit de Goethe ou de Byron, ni drame perdu et retrouvé de Calderon ou de Shakespeare, ni roman, ni histoire, ciselés par les maîtres de l’observation et de l’analyse, ni chefs-d’œuvre quelconques, ne sauraient, selon nous, lutter en intérêt et en importance avec ce modeste livre écrit par un moine, traduit par un prêtre, et dans lequel se joue un souffle qui n’est ni le talent ni le génie de l’homme, et qu’il faut bien appeler la force de Dieu pour y comprendre quelque chose ! Publié au moment où la terre d’or découverte par Cook attire les regards et les convoitises de la vieille Europe, dont elle est peut-être la dernière rêverie, ce livre, intitulé, sans aucun éclat : Mémoires historiques sur l’Australie, et que l’abbé Falcimagne a enrichi au point de vue du renseignement et de la science purement humaine, sera pour tout le monde un de ces ouvrages qui saisissent la curiosité et qui la maîtrisent ; mais, pour nous, c’est bien davantage. Pour nous, c’est une belle pierre de plus apportée à l’incomparable monument qui se bâtit depuis des siècles, et qui porte le nom révéré et si simplement grandiose d’Annales de la Propagation de la foi. C’est enfin, comme le dit excellemment le traducteur dans sa préface, la suite des Actes des Apôtres dans le monde, — cette suite qui continue toujours !
En effet, depuis son établissement jusqu’aux temps actuels, l’Église, au milieu des changements, des progrès et des révolutions qui bouleversent et renouvellent toutes choses, l’Église a toujours procédé de la même manière dans son évangélisation sublime, et toujours avec le même succès. Les quelques pauvres bénédictins dont Mgr Salvado (l’un d’entre eux) a écrit l’histoire, et qui, partis pour l’Australie en 1844, y fondent une mission en pleine forêt vierge, appellent les sauvages à la lumière et leur apprennent la vie sociale, ces moines obscurs qu’on veut bien estimer encore, mais dont l’héroïsme et la charité n’étonnent plus, ont répété exactement le même mot que tous les missionnaires catholiques, que toute cette volée d’aigles de la Bonne Nouvelle lâchée par Rome sur l’univers pendant dix-huit-cents ans d’apostolat ! L’accent même avec lequel ils l’ont dit, ce mot invariable, n’a pas changé. N’est-ce pas la note immortelle de la Foi, de l’Espérance et de l’Amour ?… Leur histoire est donc une ancienne histoire. Ce qu’ils ont accompli tout dernièrement en Australie, ils l’ont accompli autrefois aux Indes, en Amérique, au Pérou, au Japon, en Chine, partout… Personne ne l’ignore et la philosophie a cru l’expliquer. Mais ce qu’on sait moins, ce qu’on n’explique pas et ce que le livre de Mgr Salvado nous montre avec une évidence nouvelle sur laquelle nous croyons utile d’insister, c’est que l’apport de la vie sociale aux brutes de la horde humaine n’est jamais que le fait du prêtre catholique, et qu’en dehors du prêtre catholique rien n’est possible, même aux gouvernements les plus forts qui veulent créer des sociétés à leur image et les frapper à leur effigie, sous le coup de balancier de leurs colonisations !
Et l’exemple est ici. L’exemple est imposant. C’est celui même du gouvernement de l’Angleterre, tel que nous le trouvons indiqué dans cette humble chronique, toute éclatante de candeur et de vérité. Certes ! on peut se fier au sentiment de la réalité qui distingue le gouvernement d’Angleterre. On peut se fier à l’énergie de son effort pour attaquer cette réalité, quand elle est rebelle. De tous les gouvernements qui peuvent immensément par eux-mêmes et qui s’imaginent, malgré l’expérience, jeter la civilisation à tous les rivages avec les ancres de leurs vaisseaux, le gouvernement d’Angleterre est assurément le plus intelligent, le plus profond, le plus habile. Il y a plus. Dans le préjugé général du monde, ce gouvernement passe pour essentiellement colonisateur, quoiqu’on pût démontrer, si on le voulait bien, que là où il a cru fonder des colonies, il n’a créé, en définitive, que des égouts sociaux, des casernes et des comptoirs. Eh bien, le gouvernement d’Angleterre — ce gouvernement qui est tout ce que nous venons d’énumérer — a senti, pour la première fois, — depuis qu’il sème des colonies, c’est-à-dire de la graine de société sur les continents qu’il découvre, — l’insuffisance de sa propre action sur la terre d’Australie et la force très suffisante de quelques prêtres, qui n’ont pour toute ressource que la consigne de Rome et leur crucifix sur le cœur ! Pour la première fois, il a pu reconnaître que les douze religieux de la Mission bénédictine avaient plus avancé en quatre années la fondation sociale de l’Australie, que lui-même, appuyé de son Église officielle, ne l’avait fait à partir de l’établissement de la colonie, c’est-à-dire en quarante-six ans. Grand enseignement pour qui sait le comprendre ! La sainte main qui nous a écrit les Mémoires historiques ne pouvait pas, tant elle est sainte ! insister sur les faits, presque miraculeux de résultat, qui ont frappé le grand bon sens pratique de l’Angleterre ; mais nous, catholiques, qui verrons toujours avec bonheur diminuer les anciennes séparations, ne devions-nous pas les signaler ?
Et les signaler d’autant plus que, ces faits, les Anglais ont déjà commencé de les reconnaître avec une bonne foi plus forte que les préjugés et une fermeté d’intelligence très digne d’une nation politique, qu’on nous permette le mot ! intéressée à être impartiale. Mgr Salvado rappelle en passant, dans les Mémoires historiques, les paroles sévères du Dr Lang, protestant très considéré, parlant d’une mission protestante fondée à Moreton-Bay, en 1838, au nord de Sydney, laquelle mission prit fin misérablement au bout de cinq ans d’existence, après avoir, comme tant d’autres, inutilement vécu. Mgr Salvado aurait pu ajouter aux paroles si sensées et si courageuses du docteur, ce passage des Monthly Records, plus courageux et plus explicite encore : « S’il est un fait incontestable, — disent les Monthly Records, — qui nous humilie et qui nous afflige, c’est que là où nous, anglicans, nous agissons timidement, dans nos possessions australiennes, l’Église de Rome est activement à l’œuvre avec un zèle et une sagesse que nous ferions bien d’imiter… Ses évêques sont partout où il y a des âmes à conquérir et à changer… Une maîtresse pensée (master mind) anime et dirige leurs travaux… Quand un seul membre de notre clergé poursuit solitairement une tâche accablante, sans être assisté des conseils de ses supérieurs, l’Église de Rome ne cesse d’apparaître avec tous ses moyens d’action au grand complet… »
Certainement, jamais le sentiment de ce qui manque à sa patrie n’a inspiré à un anglais plus de noble jalousie et de justice, et il n’y aurait qu’à admirer, si, en sa qualité d’anglican, l’écrivain auquel on applaudit ne provoquait pas le sourire en nous parlant des moyens d’action au grand complet de cette Église romaine dont il faut bien compliquer le génie
pour en comprendre la puissance, quand on ne croit plus à sa divine autorité !
Et de fait, c’est là l’idée humaine, l’idée raisonnable au sens philosophique du mot, que d’imputer à l’Église romaine des modes d’action, des combinaisons et des ressources semblables à ceux des autres gouvernements. Pour expliquer le miracle permanent de son influence sur le monde, et de ce pétrissage des cœurs dans sa main qu’on appelle ses prédications, la pensée humaine, déconcertée par les spectacles que lui offre l’Église, invente aussitôt, pour se remettre, des raisons légitimantes et vulgairement logiques d’accepter un succès si certain toujours, et si prodigieux.
Une telle manière de voir et de lire dans l’histoire n’est pas, du reste, reprochable aux anglicans seuls. Qui ne le sait ? Elle est commune à tous les esprits sans exception qui n’ont pas scruté, à la lumière de la Foi, le mystère intime de la puissance de l’Église romaine, de ce phénomène historique sans analogue dans les annales du genre humain, et que l’on n’entend pas ou que l’on entend mal en l’expliquant par le génie des hommes ou la virtualité des constitutions. Certes ! pour les penseurs qui ont interrogé ardemment et longtemps un tel mystère, la force de Rome n’est point-là. Elle n’est pas sortie de la pensée, si vigoureuse qu’elle fût, d’un saint Grégoire, d’un saint Benoît ou d’un saint Ignace. Elle ne fut jamais suspendue à l’existence de ces constitutions d’Ordres dont Richelieu lui-même fut la dupe sublime, si le mot qu’on lui prête est vrai. On ne saurait trop le répéter : cette force immense de fondation sociale que l’Angleterre reconnaît aujourd’hui comme l’apanage de l’Église romaine, est ailleurs que dans la conception de quelques cerveaux qui ont vu un peu plus juste et un peu plus loin que les autres hommes, ou dans des règlements de ménage que le temps pouvait, à son aise, emporter. Si jamais elle avait été là, l’écrivain anglais auquel nous répondons aurait eu certainement raison d’écrire « qu’il fallait que l’Église anglicane imitât l’Église romaine »
. Mais il s’est trompé : l’Église romaine ne s’imite pas. Sa force est incommunicable à ceux qui ne croient pas en elle. Or, cette force, il faut bien le dire aux esprits superficiels qui s’y méprennent, cette force est dans l’institution même de ses sacrements. Elle est, enfin, dans ce fait, d’une splendeur importune peut-être, mais inévitable en histoire, et que nous prions la Philosophie de vouloir bien méditer : c’est qu’il n’y a point dans les œuvres de l’homme — et cela depuis le Deutéronome de Moïse jusqu’aux Capitulaires de Charlemagne, et depuis les
Capitulaires de Charlemagne jusqu’aux constitutions des Jésuites, — de constitution qui prévaille où le sang du surnaturel n’ait pas abondamment coulé !
Ainsi donc, le surnaturel ! le surnaturel de leur mission, le surnaturel de leur doctrine, le surnaturel de leurs espérances, voilà le secret de la puissance de ces missionnaires que Rome envoie dans tous les coins de l’univers ! Voilà le secret de la force de cohésion de ce ciment romain qui relie si subitement et si solidement les âmes entre elles, de ce socialisme divin devant lequel tous les socialismes de la terre doivent, un jour ou l’autre, s’avouer vaincus ! Quand l’Église a dit ce simple mot : Allez ! à ses prêtres, ils s’en vont devant eux sans aucune précaution humaine, montrant le Crucifié souvent pour tout langage, et en quelques jours des milliers de sauvages viennent s’abattre autour de cette fleur mystique de la Croix qui tend son cœur ouvert aux nations ! Les Mémoires historiques sur l’Australie, qui, comme nous l’avons dit déjà, ont recommencé une fois de plus le récit de toutes les missions catholiques, n’ont pas donné d’autres raisons que cela — le surnaturel ! — du succès de la Mission Bénédictine. Mais l’Angleterre, qui ne croit qu’aux œuvres de l’homme, et qui, nous ne le nions pas, a de bonnes raisons pour y croire, l’Angleterre, tout en témoignant de ce fait, n’a rien compris à ce qu’il cache. C’est déjà beaucoup qu’elle en témoigne. Mais le comprendra-t-elle un jour ?…
Nous le croyons, et c’est notre espoir. Seulement, sans rien préjuger sur la conclusion qui doit briller pour l’Angleterre à travers les faits que le livre de Mgr Salvado expose, est-il téméraire d’affirmer qu’indépendamment de l’état sans vie et sans réelle efficacité de ses missions protestantes, elle souffre au plus profond de son intérêt colonial, du principe religieux qu’elle représente et qu’elle s’efforce de propager ? Malgré la prospérité exclusivement matérielle de la triple colonie australienne que les Mémoires historiques constatent, et l’habileté économique des gouverneurs qu’elle y envoie, la mâle, la positive, la benthamiste Angleterre ne doit se faire aucune illusion. Bien des questions se posent devant elle. Si des pays constitués ne résistent pas au morcellement des croyances, comment des colonies pourraient-elles y résister ? Et, d’un autre côté, si le sort définitif de ces colonies est lié étroitement à la civilisation des peuples sauvages qui les entourent, cette civilisation peut-elle s’obtenir autrement que par un travail fixe et des idées fixes, par une tradition qui persévère de génération en génération, comme la tradition catholique ? Peut-on croire, enfin, que la mobilité philosophique des libres penseurs ne finira pas par être un obstacle et même un écueil à toute entreprise de ce genre ? Toutes questions redoutables que les Mémoires historiques sur l’Australie pressentent, et que les événements résoudront seuls dans un temps plus ou moins éloigné.
Tel est le grand côté du livre de Mgr. Salvado, tel est l’horizon voilé qu’il embrasse. En soi et à le prendre au pied de la lettre, — de sa lettre si naïve et si pénétrante, — cet ouvrage ne semble qu’un récit, exact et touchant, de la Mission dont le pieux évêque de Victoria a été l’un des plus courageux apôtres. Mais sous cette apparence sincère, sous cette préoccupation exclusive et timorée de la vérité du détail, les Mémoires sur l’Australie contiennent latentes, mais visibles déjà pour les esprits doués de clairvoyance, toutes les prémisses d’un vaste syllogisme qu’achèvera l’avenir. Voilà surtout ce qui nous a frappé dans ce livre que la curiosité ne manquera pas d’ouvrir, mais que la réflexion fermera pour y penser et le rouvrir encore. Le bruit qui s’attache aux livres est une telle ironie, qu’il est difficile de prévoir si la majorité des intelligences sera convaincue au même degré que nous de tous les mérites des Mémoires que nous annonçons. Mais, si le succès était une justice, ils auraient, nous n’en doutons pas, un retentissement pour le moins égal à celui du fameux roman de madame Beecher-Stowe. On se rappelle le bruit que fit naguères cette première gloire littéraire de l’Amérique, qui éclata tout à coup comme un aloès qui fleurit et dont la fleur est déjà tombée… Des philanthropes, Narcisses humanitaires qui trouvaient l’humanité jolie en se regardant, prirent sur le poing et présentèrent à l’Europe attendrie cette Mistress Edgeworth américaine, et placèrent son livre sous la protection d’une telle émeute de sensibilité insurgée, que si la critique littéraire avait osé planter son scalpel dans cette œuvre esthétiquement médiocre, les Wilberforce du journalisme auraient crié au scandale, comme si on eût voulu toucher littérairement à l’Imitation de Jésus-Christ. Très probablement, le livre de l’évêque de Port-Victoria ne fera pas autant de tapage que le roman de madame
Beecher-Stowe, et cependant quelle différence entre ces deux compositions, dont l’une est une simple histoire, l’autre un roman exagéré ! L’idée chrétienne, qu’il faut saluer partout où elle passe, brille dans le roman américain, mais tronquée, humanisée, et telle qu’elle devient toujours au toucher trop appuyé, du protestantisme. Au contraire, elle rayonne, complète et divine, dans le livre de Mgr Salvado. Quoiqu’il n’y soit pas question de race noire, il s’agit aussi d’y régler les rapports du civilisé et du sauvage et de transfigurer l’homme de la nature en homme social. Eh bien, où madame Beecher-Stowe a vu le mal et l’a peint en forçant le trait d’une main convulsive, Mgr Salvado a donné tranquillement le remède, et nous ne croyons pas que, depuis les Prisons de Silvio Pellico, appelées si heureusement : « la Marseillaise de la miséricorde »
, le catholicisme, qui ne dilate pas l’orgueil, qui ne crée pas la haine et la colère, même la généreuse colère ! ait produit un livre d’un effet si puissamment doux.
Du reste, est-il nécessaire d’en avertir ? En rapprochant pour une minute un livre d’une valeur presque impersonnelle, tant il est élevé ! de la production la plus personnelle qui puisse jamais être (l’œuvre d’une femme, et un roman encore !), nous avons bien moins songé à faire de la critique qu’à déterminer fortement, en les opposant, la différence de deux idées et de deux doctrines. Nous savons trop que le poinçon de la critique littéraire n’a rien à voir dans ces œuvres qui sont des actes et des vertus. Pour ces poèmes héroïques racontés par un vieux croisé comme Joinville, qui revient de la rescousse, ou quelque vieux capucin qui revient du martyre, pour ces dits et gestes rapportés avec des simplesses de cœur inconnues à tous les Naïfs littéraires les plus vrais, à tous les La Fontaine les plus profonds, la critique ne saurait vraiment exister, et elle se désarme dans l’émotion et dans le respect.
Le livre de Mgr Salvado est précisément un de ces poèmes de simplicité dans la grandeur que l’Art n’a pas faits, et qu’on admire sans les discuter. Ce saint missionnaire catholique, qui n’est jamais qu’un missionnaire, et qui ne peut pas être autre chose, a bien plus pensé, en écrivant les Mémoires historiques sur l’Australie, à l’édification de nos âmes, qu’à nous donner un livre dans le sens livresque du mot, et cependant ce livre, et un excellent livre, riche d’observations de toute espèce et de notions neuves, s’est fait sous cette plume qui n’y pensait pas ! Jusqu’ici, malgré la vapeur qui raccourcit le monde sur la terre et qui ouvre au tourisme les pays les plus désespérés, malgré la glu d’or à laquelle l’Australie prend l’Europe fascinée, nous n’avions sur ce pays étrange, à moitié sorti de son chaos, que des renseignements suspects et vagues dont nous ne pouvions rien déduire, parce que nous devions nous en défier. Un livre probe, savant et complet dans sa concision sévère, manquait absolument sur la nouvelle partie du monde découverte, il n’y a pas un siècle, par les navigateurs anglais. Grâces en soient rendues à un pauvre missionnaire bénédictin, ce livre nécessaire, nous l’avons ! Mgr Salvado n’a pas été seulement le charmant et naïf Hérodote chrétien de sa mission apostolique ; il n’a pas seulement tracé l’histoire de la colonie anglaise à travers laquelle il a passé ; mais il nous a donné l’histoire, plus difficile à connaître, de cette curieuse race indigène avec laquelle il a vécu. Caractère physiologique de la race, croyances religieuses, lois, coutumes, mœurs domestiques, ornements et parures, ustensiles et armes, chasses, constructions, maladies, boglias (médecins), funérailles, tout, jusqu’à un lexique très bien fait de la langue de ces tribus sauvages, Mgr Salvado n’a rien oublié de ce qu’il a été à portée de bien voir et de recueillir. La seule chose qu’il ait négligée, c’est la description de l’Australie considérée au point de vue des sciences naturelles et de la recherche de l’or ainsi qu’on l’y pratique maintenant. Mais, sur ce point, comme nous l’avons dit plus haut, l’abbé Falcimagne, son traducteur, lui est venu en aide avec une grande sûreté de connaissances et un rare bonheur d’exposition. Le chapitre que l’abbé Falcimagne a introduit dans les Mémoires sur la découverte de l’or et les chercheurs d’or, et que nous regrettons de ne pouvoir citer ici, nous a paru, par parenthèse, un chef-d’œuvre de réalité, aussi dramatique et aussi maîtrisant que le chapitre le plus fantastique d’Edgar Poe. Ainsi complété, le livre de Mgr Salvado résume bien l’état des connaissances possibles jusqu’à ce jour sur l’Australie ; et voilà comme la science a contracté une dette de plus vis-à-vis de ces missionnaires qui lui ont rendu tant de services à toutes les époques, et qui, au milieu de leurs travaux apostoliques, se sont montrés partout des investigateurs si sagaces et de si profonds observateurs !