2. FRANÇOIS DE SALES, [Saint] Evêque & Prince de Geneve, sa patrie, né en 1567, mort à Lyon en 1622 ; Ecrivain au dessus de son siecle, & que le caractere de son génie ne rendra jamais inférieur aux siecles qui le suivront.
Quiconque voudra éprouver les impressions touchantes qui résultent de l’heureux accord de la Religion & de l’humanité, des talens & des vertus, n’a qu’à lire les Ouvrages de ce saint Prélat. Tout ce qui est parti de sa plume, est marqué au coin d’une raison lumineuse & d’une onction pénétrante. Le style de ses Productions est simple, naïf, facile, intéressant. Les Leçons de morale qu’elles contiennent, les regles de conduite qu’elles prescrivent, les préceptes qu’elles indiquent, les réflexions qu’elles présentent, sont propres à satisfaire non seulement le Chrétien fidele, mais encore le vrai Philosophe, autant que le Littérateur délicat. Le Traité de l’amour de Dieu, l’Introduction à la vie dévote, ses Lettres à différentes personnes & sur différens sujets, sont autant de chef-d’œuvres de lumieres & de sentiment, capables de dompter les esprits rebelles, & d’émouvoir les cœurs endurcis.
De pareils Ouvrages feront toujours la consolation des ames droites chrétiennes, & seront un puissant contrepoison contre les Productions désolantes de la Philosophie. Qu’on les lise donc, si l’on veut juger sainement du véritable esprit du Christianisme, & des devoirs de la tendre & solide piété. Qu’on les lise, à l’exemple de l’illustre Archevêque de Cambrai, pour acquérir cet amour de la vertu, inséparable de celui de la Religion, ce naturel, ce ton de candeur, cet air de sérénité, si rares dans tous les Ecrits, & destinés cependant à en être le plus doux charme. Qu’on les lise, & on apprendra à connoître la solide gloire, & l’usage qu’on doit faire des talens. Les malheureuses célébrités qui ne sont fondées que sur les ravages de l’esprit, se dissiperont avec les erreurs qui les ont enfantées. Il ne restera qu’un odieux souvenir des Perturbateurs de la raison humaine. Les noms des Spinosa, des Collins, des Tindal, des Bayle, &c. ne seront plus qu’un objet d’indignation, tandis que celui de l’Evêque de Geneve, indépendamment des hommages de la Religion, sera consacré par l’estime & les éloges de la Postérité. L’amour de l’ordre prévaut toujours contre les secousses turbulentes de la nouveauté : ceux-là seuls qui ont travaillé à le maintenir ou à le rappeler, peuvent être regardés comme la gloire & les vrais bienfaiteurs du genre humain.