(1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXII » pp. 242-243
/ 2067
(1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXII » pp. 242-243

LXII

béranger, chateaubriand et lamennais. — les grands jours d’auvergne, de fléchier. — une province sous louis xiv, par m. thomas. — pourvoi en cassation, brochure de félix pyat contre jules janin.

Béranger, Chateaubriand et Lamennais se voient volontiers et avec plaisir chez Béranger à Passy : le malin chansonnier fait son métier de diable, comme il dit, en les conviant chez lui, sur son terrain. Ils s’y plaisent et s’y sentent à l’aise : le chevalier et le prêtre rendent les armes au siècle. On fera un jour un curieux livre avec le titre d’Entretiens de ces trois hommes ; un futur philosophe y fera entrer tout ce qu’il voudra.

— On a publié des Mémoires de Fléchier sur les Grands jours tenus à Clermont en Auvergne en 1665-1666. C'est M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont, à qui l’on doit déjà un bon travail sur l’Art poétique d’Horace, qui a procuré cette publication d’un manuscrit oublié. Le livre est très-intéressant, comme peinture de mœurs. Fléchier, âgé de trente-trois ans alors, fit le voyage d’Auvergne avec M. de Caumartin, maître des requêtes, dont il élevait le fils. Il décrit à merveille le pays, les habitants, les mœurs, les ridicules : les petites histoires galantes et romanesques, même les petites historiettes un peu gaies y sont racontées avec complaisance et politesse. Cet agréable livre rafraîchira la réputation de Fléchier et l’Oraison funèbre de Turenne ne sera plus que sur le second plan : ainsi vont les temps et les vogues diverses.

— M. Thomas, jeune professeur à Dijon, a publié un volume qu’on dit piquant, intitulé : Une province sous Louis XIV. C'est la restitution, pièces en main, de la province de Bourgogne dans la dernière moitié du xviie  siècle. M. Thomas, en fouillant dans les archives très-riches de Dijon, a trouvé de quoi retracer et raconter l’époque par la bouche des contemporains mêmes. Ce sont là de bons travaux, et auxquels excelle l’esprit de notre temps.

— Félix Pyat, condamné pour diffamation envers Janin, a publié, sous le titre de Pourvoi en cassation, une petite brochure dont l’idée est piquante. Il a fait imprimer en regard sur deux colonnes les palinodies de Janin sur tous les sujets. Pas un mot n’est de Pyat. C'est Janin qui fait tous les frais de la défense.