(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 417-418
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 417-418

Vauvenargues, [N.ABCD Marquis de] Capitaine au Régiment du Roi, mort à Paris en 1747, agé de 28 ans.

Son Introduction à la connoissance de l'Esprit humain est bien éloignée d'annoncer, comme l'a dit M. de Voltaire, dans l'Eloge funebre des Officiers morts dans la guerre de 1741, un prodige de vraie philosophie & de vraie éloquence, la profondeur & la force du génie, &c. On peut y reconnoître tout au plus un esprit disposé à la réflexion, capable de se former par l'étude, mais qui avoit besoin de plus de maturité pour rectifier ses idées & fortifier son style. En effet, il faudroit être bien aveugle, pour ne pas s'apercevoir que la répétition des jugemens portés cent fois sur nos plus grands Poëtes, les critiques minutieuses qu'il se permet sur les Ouvrages de Corneille & de Rousseau, l'appareil qu'il s'efforce de donner à des vérités connues de tout le monde, l'air d'importance qu'il attache aux plus petits objets, les détails mesquins auxquels il s'abandonne dans sa Préface, sont des preuves très-certaines que son mérite n'étoit rien moins que formé & supérieur, & que son Panégy riste [comme nous l'avons remarqué ailleurs* à ce même sujet] est aussi partial & aussi peu modéré dans ses éloges, qu'il est injuste & outré dans ses critiques.

Pourquoi M. de Vaugelas a-t-il retranché dans la seconde édition de son Livre, cette pensée qui est une des meilleures & des plus vraies de son Recueil ?

« Newton, Pascal, Bossuet, Racine, Fénélon, c'est-à-dire les hommes de la terre les plus éclairés, dans le plus philosophe de tous les Siecles, & dans la force de leur âge, ont cru Jésus-Christ. Et le grand Condé, en mourant, répétoit ces nobles paroles : Oui, nous verrons Dieu comme il est. Sicuti est, facie ad faciem. »

Si elles eussent été toutes de cette espece, on se fût bien gardé de dire que cet Auteur étoit un prodige de vraie philosophie & de vraie éloquence.