PLUCHE, [Antoine] Abbé, né à Reims en 1688, mort en 1761.
Sans ambitionner d’autre gloire que celle d’être utile, il a acquis des droits à une juste réputation. C’est donc à tort que certains Auteurs se sont efforcés de le décrier *, apparemment parce qu’il s’est toujours fait un devoir de soumettre les lumieres de sa philosophie au respect dû à la Religion. Il n’en faut pas davantage pour devenir un homme médiocre aux yeux des prétendus Philosophes, qui ne font consister le génie que dans l’intrépidité des paradoxes & l’audace à fronder les vérités les plus respectées.
Il est certain que le Spectacle de la Nature jouit encore du succès qu’il mérite. Ce succès se soutiendra, selon toute apparence, puisque les Ouvrages de M. de Buffon ne l’ont point fait oublier, malgré la supériorité de cet Ecrivain sur son Prédécesseur. Quoi qu’il en soit, M. Pluche aura la gloire d’avoir contribué à faire naître, parmi nous, le goût de la Physique & de l’Histoire Naturelle ; ce qui suppose l’art de communiquer ses connoissances d’une maniere intéressante, & de les rendre, en quelque sorte, familieres à tous les esprits.
On doit attribuer à la forme du dialogue, qu’il avoit choisie comme plus propre à instruire, la négligence ou la diffusion du style qu’on peut reprocher au Spectacle de la Nature. Platon est tombé dans le même défaut, en ouvrant la même route. D’ailleurs, lorsqu’il s’agit d’instruire, il vaut encore mieux être diffus que trop serré & obscur.
M. Pluche a fait encore une Histoire du Ciel, en 2 volumes, un Livre sur la Mécanique des Langues, & une Concorde de la Géographie des âges, Ouvrages estimables, & écrits selon le génie de l’Auteur, qui ne manque ni de sagacité, ni de méthode, ni d’élégance.