(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article » pp. 405-406
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article » pp. 405-406

NICÉRON, [Jean-Pierre] Barnabite, né à Paris en 1645, mort dans la même ville en 1738.

Il est connu par une Compilation en quarante volumes in-12, intitulée, Mémoires pour servir à l’Histoire des Hommes illustres dans la République des Lettres, avec un Catalogue raisonné de leurs Ouvrages. Le premier défaut de cette Collection, est de donner le titre d’illustres à des Ecrivains qui ne l’ont jamais été, & qui ne le seront jamais, parce qu’ils ne méritent pas de l’être ; le second, est d’être écrite avec une inégalité de style, rebutante pour le Lecteur le moins difficile. Il est vrai qu’un Ouvrage de cette espece n’est pas fait pour être lu de suite ; mais cette inégalité se trouve dans le même Article, parce que chaque Article n’est qu’une compilation des Jugemens de divers Journalistes. La vraie cause d’une telle bigarrure, est que le P. Nicéron employoit ses matériaux, sans se donner la peine de les digérer & de les refondre. On est sur-tout choqué d’y trouver un chaos perpétuel, qui n’est assujetti à aucune regle, pas même à l’ordre chronologique, pas même à l’ordre alphabétique. Les Ecrivains nationaux & étrangers, sacrés ou profanes, Philosophes ou Théologiens, célebres ou obscurs, sont confondus pêle-mêle, & offrent un mélange qui fatigue autant qu’il est contraire à l’arrangement & à la méthode. Le peu de temps ou de soin qu’il mit à composer ce Recueil, ne lui permit pas de connoître par lui-même les Originaux ; il se contenta de copier les Journalistes & les Biographes, vrai moyen de perpétuer les fautes & les erreurs.

Au reste, le P. Niceron aura toujours le mérite des recherches, celui du travail & de la patience. Tous les Faiseurs de Dictionnaires historiques ne peuvent se dispenser de convenir qu’ils lui ont de grandes obligations. S’ils étoient assez ingrats pour les méconnoître, les Lecteurs instruits seroient en état de les convaincre qu’ils n’ont souvent fait que le copier.