MERCIER, [Louis-Sébastien] né à Paris en 1740.
Poëte, Orateur, Romancier, Dissertateur, Philosophe, Faiseur de Drames, sous quelque rapport qu’on l’envisage, il seroit difficile de le placer au dessus de la médiocrité, même dans ce qu’il a fait de mieux.
Après avoir débuté par des Héroïdes aussi fades que langoureuses, il s’est jeté, depuis quelque temps, à corps perdu, dans la composition des Drames, autres Productions de la même espece.
Ne paroîtra-t-il pas étrange de voir s’élever, chaque jour, parmi nous, de ces Ecrivains hypocondriaques, qui semblent avoir conjuré contre la gaieté de notre Nation ? Ne vaut-il pas mieux ne pas écrire, que de semer par-tout la doléance, & d’épaissir les vapeurs, qui ne dominent déjà que trop dans la plupart des cerveaux ?
Il est vrai que les Drames de M. Mercier n’ont pas encore eu les honneurs de la représentation, du moins dans la Capitale, pas même au milieu de ces Sociétés mornes & prétendues sensibles, où les soupirs factices d’un Héros, sanglotant de trois points en trois points, sont toujours sûrs d’être merveilleusement accueillis. Mais ils ont trouvé des Lecteurs, toujours prêts à dévorer ce qui est nouveau, & encore plus tout ce qui est marqué au vénérable coin de l’affectation, de l’enflure, du bathos, style ordinaire de tous ceux qui veulent jouer le sentiment.
M. Mercier a aussi exercé sa plume à des Eloges historiques, tels que ceux de Charles V & de Descartes ; à des Réflexions sur l’Art dramatique, où, parmi plusieurs hérésies littéraires, on trouve des idées neuves & vraiment instructives ; à des Songes philosophiques, propres à donner une idée de ce qu’il pourroit faire de bon, avec l’esprit & la facilité de penser qu’il a reçus de la Nature, s’il vouloit s’appliquer à être simple, naturel, & donner à son style cette chaleur qui suppose de l’ame, & fait vivre les Productions.