(1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXX » pp. 279-280
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(1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXX » pp. 279-280

LXX

insuccès des nuées. — un article de m. de rémusat dans le constitutionnel. — considérations sur l’esprit du temps. — mollesse et apologie. — optimisme.

Aristophane, qui, tout massacré qu’il était, avait paru réussir à la première soirée et avait fait rire, n’a pas tenu aux représentations suivantes ; et l’on peut dire que les Nuées ont crevé. Il est temps qu’on renonce à des tentatives qui, pour avoir tout leur prix, ont besoin de science, de talent et de religion littéraire : ici ce n’était qu’une grossière et informe spéculation.

— On lit dans le Constitutionnel du 5 novembre un article de M. de Rémusat sur la littérature actuelle. Dans cet article le spirituel écrivain a l’air d’épuiser toutes les formes ingénieuses et subtiles de raisonnement pour faire l’apologie de ce qui se passe dans les journaux et dans les feuilletons.

Il y a des considérations très-fines sans doute sur l’esprit du temps, mais on est surpris de cette excessive indulgence, et il semble que le moment est mal choisi pour venir absoudre ce qui se dispense très-bien d’autorisation. Le lieu n’est pas mieux choisi peut-être, puisque c’est dans le Constitutionnel que paraît la lettre de M. de Rémusat, à côté du Juif Errant. Nous aimons de loin à croire qu’il y a quelque malentendu dans cette insertion, et que la lettre de M. de Rémusat, qui n’est donnée qu’en fragment, ne contient pas toute la pensée de ce digne et sérieux écrivain. C'est déjà trop pourtant qu’on puisse lire ces pages, et douter si elles ne sont pas une pièce justificative, un plaidoyer pour le moins très-superflu. Pourquoi, se demande-t-on, ce faux air de mollesse et d’apologie de la part d’un philosophe qui soutient en toute occasion la cause de la conscience humaine, de la morale spiritualiste, et qui, hier encore, réfutait Cabanis dans la Revue des Deux Mondes ? Quel que soit l’optimisme dont se piquent quelques gens d’esprit, ce qui nous semble à nous une vraie calamité publique de ce temps-ci, c’est la facilité avec laquelle les talents supérieurs eux-mêmes tournent au sophisme.