(1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Strada, José de (1821-1902) »
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(1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Strada, José de (1821-1902) »

Strada, José de (1821-1902)

[Bibliographie]

Le Dogme social (1861). — Séparation des pouvoirs spirituel et temporel (1869). — Lettres à M. E. de Girardin (1863). — Essai d’un Ultimum Organum (1865). — Philosophie méthodique (1867). — L’Europe sauvée et la Fédération (1868). — L’Épopée humaine : La Mort des Dieux (1866) ; la Mêlée des races (1874) ; la Genèse universelle (1890) ; le Premier Pontife (1890) ; les Races (1890) ; Premier cycle des civilisations : Sardanapale (1891) ; Deuxième cycle de la civilisation : Jésus (1899). — Charlemagne (1893). — La Pallas des peuples (1893). — Abeylar (1894). — La Loi de l’histoire (1894). — Jeanne d’Arc (1895). — Borgia (1896). — Jésus et l’Ère de la science (1896). — Philippe le Bel (1896). — Don Juan (1897). — Pascal et Descartes (1897). — Rabelais (1897). — La Religion de la science et l’Esprit pur (1897). — Ultimum Organum (1897).

OPINIONS.

Jean-Paul Clarens

Un prodigieux savant, un immense penseur, un incomparable poète vient de surgir au déclin de notre siècle pour l’illustrer magnifiquement et le résumer dans des tendances caractéristiques et des impairissables conquêtes. J. de Strada, hier encore inconnu, et génie entrant aujourd’hui vivant dans l’immortalité, nous offre les premiers fragments d’une œuvre géante, d’une épopée colossale qui sera pour notre pays le pendant de l’œuvre de Dante pour l’Italie du xive  siècle, avec cette différence que la Divine comédie a seulement quinze mille vers, tandis que l’Épopée humaine en a déjà cent mille et en aura quatre fois autant. Nous doutions-nous, au milieu des agitations stériles de notre vie artificielle et tourmentée, qu’un homme extraordinaire, isolé depuis plus de quarante années dans le silence et la méditation, avait su élever un monument qui, par sa splendeur et sa vérité, domine la mêlée de nos passions, de nos luttes et de nos médiocrités tapageuses, comme les Pyramides surplombent de leur hauteur écrasante les sables mouvants et les simouns du désert ?

[Étude sur Strada ().]

Léon Deschamps

Cinq volumes de science pure, quatre volumes de science sociale, quinze volumes de poésie, telle est l’œuvre publiée de Strada, notoirement inconnue du public. Pourquoi ces ténèbres sur ce nom ? M. Strada est d’une autre époque : travailleur acharné, comme Zola, il n’a pas, comme ce dernier, l’intuition de l’humanité future, il se contente de croire en la science, divinité de l’Erreur ; il est naturaliste métaphysique !

[La Plume (15 septembre ).]

Remy de Gourmont

L’Épopée humaine, de M. Strada, évolue en trois cycles ; chaque cycle réclame trois tomes ; chaque tome absorbe 11 574 mauvais vers ; nous en sommes au tome XI ; ci : 127 314 alexandrins. L’œuvre sera complète en 190 971 (lisez cent quatre-vingt-dix mille neuf cent soixante et onze vers), et alors M. Strada en sera pour sa crampe, car son Épopée est d’une médiocrité qui surprend de la part de l’auteur jadis estimé de l’Ultimum Organum. La réputation d’un bon philosophe s’écroule dans le ridicule. M. Strada, comme poète, est bien au-dessous des légendaires qui travaillaient pour des papillotes abolies.

[Mercure de France (avril ).]

Gabriel de La Salle

Presque sur la même ligne que Leconte de Lisle, je ne vois qu’un seul poète : J. de Strada. Mais J. de Strada n’atteindra pas à la gloire dont vous parlez, à la gloire imminente. Son front, qu’il n’incline point, n’est pas fait pour recevoir le laurier des mains de ceux qui le tressent en couronnes. Il ne commandera pas non plus au respect, parce qu’il ne sut pas — ou ne voulut pas — donner à son art la forme impeccable devant laquelle s’agenouillent si dévotement les jeunes, qui sont de si charmants et de si vains poètes. Et, pourtant, quel étrange et quel puissant génie que celui de l’auteur de l’Épopée humaine  !

J. de Strada, comme Leconte de Lisle, est un témoin qui raconte le passé et qui communique aux faits un peu du phosphore que son génie lui a mis aux doigts, de ce phosphore dont parle Joubert. Aujourd’hui, se disputant la palme de gloire, je ne vois que des glorioleux. Voyez-vous, je crois à un interrègne. Le sceptre que Victor Hugo et Leconte de Lisle ont laissé tomber, personne ne le ramassera : il serait trop lourd à porter. L’Art va se traîner, image fidèle de notre décadente époque, jusqu’au réveil.

[La Plume (31 octobre ).]

Francis Vielé-Griffin

Devons-nous aborder à la légère le nouveau volume de M. Strada ? dire que nous l’avons mal lu et, aussitôt, pour nous justifier de cette apparente négligence, qu’il dévoile une absence de style et de tact poétique que nous serions en droit d’exiger d’un poète ? Mais M. Strada est un philosophe et un historien, et l’examen d’une telle épopée est au-dessus de notre compétence.

[Mercure de France (avril ).]