(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 275-277
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 275-277

2. Bergier, [Nicolas-Silvestre] Docteur en Théologie & Chanoine de Notre-Dame, de l’Académie de Besançon, né à Darnay en Lorraine, en 1718.

Le talent de raisonner, & le meilleur usage qu’on en puisse faire, l’ont rendu justement célebre parmi les Défenseurs de la Religion. Sa maniere de réfuter les Ouvrages impies, réunit au mérite d’une Logique très-pressante, celui de l’ordre & de la netteté des idées. Tout esprit qui n’a pas renoncé aux lumieres du bon sens, peut, à l’aide du flambeau lumineux qu’il présente, reconnoître l’erreur, démêler ses ruses, & se convaincre des dangereuses conséquences qu’elle entraîne.

C’est ainsi que M. Bergier, avec un style simple & naturel, est parvenu à réduire en poudre cet amas d’objections, qui ne prouvent que la mauvaise foi de ceux qui les enfantent ; de détruire ces systêmes captieux, qui n’ont rien d’évident que la foiblesse des fondemens ruineux qui les appuient ; de donner aux dogmes de la Religion cette force & cette consistance qui les met à l’épreuve de la critique, & décide les hommages de la Raison, lorsqu’elle n’est pas tout-à-fait corrompue. Qu’on lise la Certitude des Preuves du Christianisme, le Déïsme réfuté par lui-même, la Réponse au Systême de la Nature, & l’on verra combien cette même raison est un guide sûr pour l’homme éclairé qui en connoît les bornes, & un prestige dangereux pour l’esprit indépendant qui exagere ses droits afin d’en abuser.

M. l’Abbé Bergier vient de publier un Ouvrage dans le même genre, mais plus étendu & beaucoup plus intéressant encore que la Certitude des Preuves du Christianisme : c’est un Traité historique & dogmatique de la vraie Religion, où l’on trouve tout ce qui est capable de raffermir la Foi des Fideles, & tout ce qui peut contribuer à faire triompher le Christianisme des attaques multipliées du mensonge & de l’incrédulité. Si les Philosophes de nos jours ont fait les derniers efforts pour répandre leurs systêmes désolans ; les vrais Apôtres de la Religion, à la tête desquels on doit placer M. l’Abbé Bergier, ont encore eu plus de zele pour défendre la vérité ; & la victoire a été évidemment du côté des derniers. Il suffit en effet de lire l’Ouvrage dont nous parlons, pour sentir combien sont frivoles, contradictoires & absurdes, les raisonnemens des Impies ; & combien sont solides, raisonnables & consolans les principes sur lesquels le Christianisme est établi. Ce Livre est d’ailleurs écrit avec une éloquence qui ne laisse rien à désirer par rapport au langage qui réunit la précision à la clarté, & la noblesse à la correction. M. l’Abbé Bergier à composé aussi quelques Ouvrages de pure Littérature, qu’on peut regarder comme les préludes de sa plume, qui devoit dans la suite s’exercer sur les plus grands objets. Il joint encore à ses lumieres les sentimens d’un Ecrivain modéré, honnête, très-éloigné de toute prétention dogmatique ; caractere propre à faire sentir évidemment la différence qui subsiste entre l’homme sage & éclairé qui redresse, & le Philosophe fastueux qui égare.