(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 195-196
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(1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 195-196

Bailly, [Jacques] Garde général des Tableaux du Roi, né à Versailles en 1701, mort en 1768, un de ces Poëtes qui ne paroissent avoir travaillé que pour l’oubli. Tous ses Ouvrages ont été frappés de mort au même instant qu’ils ont paru. Il s’est principalement attaché aux Parodies, genre, si c’en est un, qui ne demande qu’un esprit médiocre & de pitoyables talens. On a bien pu jouer celles qu’il a faites, mais on n’auroit pas dû les imprimer.

Il existe un autre Auteur de ce nom, de l’Académie des Sciences & de l’Institut de Bologne, à qui le Public doit une Histoire de l’Astronomie ancienne, depuis son origine, jusqu’à l’établissement de l’Ecole d’Alexandrie ; Ouvrage systématique, mais qui annonce un esprit profond, un Dialecticien habile, & un Ecrivain très-exercé & plein de goût. Ses Lettres sur l’origine des Sciences & sur celle des peuples de l’Asie, adressées à M. de Voltaire, offrent une érudition aussi vaste que variée, & sont écrites avec une clarté & un agrément sans recherche, qui prouvent la supériorité de M. Bailly sur presque tous ses Confreres, les Savans & les Erudits. Ses Lettres sur l’Atlantide de Platon & sur l’ancienne Histoire de l’Asie, pour servir de suite à l’Ouvrage précédent, ne lui cedent en rien du côté du style, qui en est vif, animé, rapide, & plein de chaleur ; mais quelquefois défiguré par une affectation d’esprit qui approche du précieux. Les idées paradoxales qu’il y développe ont été combattues par des Critiques plus judicieux que polis ; & l’on sait que le défaut de politesse affoiblit toujours le mérite des censures les mieux fondées.