Berthier, [Guillaume-François] Jésuite, né à Issoudun en Berri en 1704.
Les plaisanteries philosophiques n’ont pas fait oublier qu’il est un des plus estimables Ecrivains de notre Littérature.
La Continuation de l’Histoire de l’Eglise Gallicane est un Ouvrage d’une sagacité, d’une critique, d’une modération, d’une netteté de style & d’une élégance peu commune. Tout y est déduit & discuté avec une noble aisance, qui, en faisant disparoître la gêne du travail, annonce les connoissances les mieux étendues & la plume la mieux exercée.
Le Journal des Beaux-Arts, connu sous le nom de Trévoux, n’a jamais été plus intéressant & plus utile, que quand le P. Berthier y a travaillé. Il a su répandre dans les différens Extraits qu’il a composés, une sagesse de critique, une pureté de goût, une sûreté d’érudition, qu’il seroit à souhaiter de voir subsister dans tous les Journaux. Sa pénétration à démêler les piéges de l’incrédulité, son courage à les mettre au grand jour, son habileté à en parer les coups, lui ont attiré les sarcasmes de ces esprits forts contre tout, excepté ce qui blesse leur amour-propre ; mais il a fait voir par ses lumieres, autant que par sa modération, combien il est facile d’être supérieur à leurs manéges, à leurs attaques & à leurs insultes.
M. l’Abbé de Voisenon a laissé des jugemens sur la
plupart des hommes
célebres de France. Voici
ce qu’il y dit du P. Berthier. « Cet Auteur
étoit savant, modeste, point intrigant, Prêtre, & honnête homme.
Le Journal de Trévoux perdit en lui un bon Littérateur, & Paris
un homme de bien. Il n’y a que les Encyclopédistes qui gagnent, à
son expulsion, un puissant adversaire de moins »
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