Wetelet, [Claude-Henri] Receveur-Général des Finances, de l'Académie Françoise, de celle de Berlin, &c. né en 17..
Un goût décidé pour les Beaux-Arts, a fixé ses délassemens sur la Poésie & la Littérature. Il sera toujours honorable pour les Lettres, que des hommes, occupés par état à des Emplois qui exigent une attention sérieuse, trouvent encore le moyen de consacrer aux Muses la plus grande partie▶ du temps dont ils peuvent disposer.
L'Art de peindre, est un Ouvrage qui assure à son Auteur une place parmi les Poëtes utiles. Ceux dont le goût est un peu sévere, n'y trouvent pas, à la vérité, une versification assez châtiée. Quand bien même on conviendroit avec eux que cette versification n'est pas tout-à-fait aussi gracieuse, aussi exacte, aussi noble qu'elle pourroit être, il faudroit toujours rendre justice à l'enchaînement ingénieux qui lie toutes les ◀parties du Poëme. M. Watelet est, tout à la fois, Peintre & Poëte ; ses préceptes sont aussi solides, que ses descriptions sont justes & naturelles. Si l'on fait attention aux difficultés du sujet qu'il a entrepris de traiter dans une Langue telle que la nôtre, & combien la Poésie Françoise se prête peu aux expressions techniques d'un Art dont la plupart des regles sont fondées sur l'Optique & l'Anatomie, on lui saura gré d'avoir surmonté de tels obstacles, & on passera sans peine sur le défaut d'intérêt & d'élégance, qu'on lui reproche, en lui tenant compte des vraies beautés qu'il a le plus souvent répandues sur une matiere ingrate par elle-même.
M. Watelet s'occupe actuellement d'une Traduction en Vers de la Jérusalem délivrée du Tasse. Ce Poëme lui fournira, sans doute, un champ bien plus avantageux & bien plus vaste, pour déployer les richesses de son imagination & la vigueur de ses talens. On peut se le promettre, d'après quelques Chants de cette Traduction, lus avec beaucoup d'applaudissemens, dans différentes Séances de l'Académie.
On peut dire encore, à la gloire de son goût & de ses connoissances, que le Public cesseroit de se plaindre des négligences & des bévues tant reprochées aux Editeurs & aux Coopérateurs du Dictionnaire Encyclopédique, si tous les Articles y eussent été traités, chacun dans leur espece, par des Ecrivains aussi instruits, aussi méthodiques, aussi précis, que lui. Les Articles qui ont pour objet la Peinture, le Dessin & la Gravure, sont de M. Watelet, & n'en font que mieux sentir les défauts des autres Auteurs qui ont concouru à cet Ouvrage, sans avoir le talent, ou sans vouloir se donner la peine d'y fournir une tâche digne de l'enthousiasme avec lequel on l'avoit annoncé.